Pour une adéquation des moyens des Agent.e.s de Police Municipale (APM) en Ville de Genève, faisons face à leurs nouveaux défis
Discours d’Omar Azzabi, conseiller municipal, lors de la séance plénière des 5 et 6 mars 2019 du Conseil municipal de la Ville de Genève
Mesdames et messieurs les Conseiller.ère.s municipaux.ales,
La question nous revient souvent, mais pourquoi donc les écologistes s’attaquent à la sécurité ? En quoi est-ce un thème dit « Vert » ? Permettez-moi alors d’y répondre en faisant appel aux pairs de l’idéologie de notre parti. L’écologie politique, comme le confirme les écrits de ses mères fondatrices (on citera en exemple la vaillante Hannah Arendt et son ouvrage « Condition de l’homme moderne ») consiste en trois points que nous avons détaillés dans notre dernier programme électoral :
- Un environnement sain
- Une économie durable et solidaire
- Une société égalitaire
C’est dans le cadre de ce 3ème pilier que s’inscrit aujourd’hui notre volonté d’imprimer une vision verte dans le domaine de la sécurité et dans ce que nous définissons de manière plus globale comme étant la prévention de la violence par le traitement des problèmes sociaux tels que le harcèlement de rue et la violence à l’égard des femmes plus en général.
Ainsi, le fait divers à propos des horribles violences dont été victimes 5 jeunes femmes un soir d’août dernier en Vieille Ville met en avant un dysfonctionnement dans l’approche et le traitement de la sécurité en Ville de Genève.
Ces dysfonctionnements aujourd’hui en quoi consistent-ils ? Il y a tout d’abord une confusion dans les mots et dans les mandats légaux entre les polices de proximité cantonales et municipales. Là, où Monsieur Maudet a répondu à la demande d’humanisation de la police cantonale en y intégrant un axe de proximité, il a de facto retiré la principale prérogative pour laquelle la police municipale existe : la proximité et la prévention de la violence par une approche non-armée de la sécurité.
Dans les faits ces dysfonctionnements vont encore plus loin, aujourd’hui dans notre canton, il n’existe pas de centrale d’appel unifiée évitant aux citoyens et citoyennes de devoir passer par plusieurs intervenant.e.s afin d’atteindre la bonne autorité de police. Dans le même état d’esprit, quand en 2015 nous décidions d’attribuer à notre police municipale les responsabilités supplémentaires comme le contrôle de la circulation ou les contraventions liées à la législation sur les stupéfiants, on décide en même temps de ne pas la doter de feux bleus afin d’être en mesure de répondre à ces responsabilités.
Quand le Grand Conseil décide d’une hausse de 3,5 millions dans le budget 2019 permettant le financement de personnel de police (renforcement de la police de proximité, de la centrale d’engagement et de la police routière), la Ville de Genève, est en droit aujourd’hui de se demander si une partie voire l’entier de cette somme ne pourrait être affectée à la police de proximité originale que représente notre police municipale.
Par ailleurs, les nombreuses demandes de consultations, voire même d’immersion par des conseillers et conseillères municipaux.ales ont été systématiquement refusées nous empêchant d’avoir une vue ainsi qu’une compréhension globale et effective de la situation de nos forces de sécurité. Que ce soit le règlement sur les agent.e.s de la police municipale ou le contrat local de sécurité, force est de constater qu’une analyse profonde des aspects légaux, matériels et de formation de notre force de sécurité municipale est nécessaire et même urgente.
Notre proposition aura au moins le mérite de répondre et de montrer une compréhension des raisons pour lesquelles nos APM ont décidé vendredi dernier d’entrer en grève pour la 1ère fois de leur histoire. En acceptant le renvoi en CSDOMIC de cette motion, le Conseil Municipal montrera sa volonté de discuter sainement des conditions de travail de nos APM, d’entreprendre des démarches pour régler une inégalité de traitement en termes de formation (et d’accès au brevet fédéral) et pourra construire, dans le dialogue avec les partenaires sociaux, la vraie police de proximité de demain s’inscrivant dans une vision écologiste de la prévention de la violence non armée.