Frédérique Perler

Chères et chers membres des Vert-e-s,

J’ai décidé en mon âme et conscience de ne pas briguer un second mandat au Conseil administratif de la Ville de Genève. Il y a plusieurs raisons qui ont motivé cette décision mûrement réfléchie.

Tout d’abord, j’estime que l’âge que j’atteindrai à la fin de la prochaine législature, c’est-à-dire 70 ans, ne correspond pas à mes valeurs vertes ni à mes valeurs féministes. Et puis, la charge est immense, mais tellement passionnante !

Ensuite, la problématique dite « des embauches » a été traitée de façon très partiale et violente par certains médias locaux. Cela a engendré beaucoup de souffrances et de frustrations au sein du DACM, et je le regrette. Je me suis pour ma part sentie flouée par une co-directrice qui avait toute ma confiance auparavant, due à ses indéniables compétences métier. J’ai tenté de maintenir cette confiance le plus longtemps possible dans l’optique de préserver le bon fonctionnement du département, mais elle s’est effritée au fur et à mesure de ce qu’elle révélait. En tant que magistrate, je me dois d’assumer le conséquences du comportement des personnes étant sous ma responsabilité, ce qui a fait pencher la balance pour décider de renoncer à ce deuxième mandat.

Dans un registre plus positif, un grand nombre de chantiers emblématiques pour notre ville et pilotés par le DACM ont pu démarrer ou être achevés sous cette législature. A mon arrivée, adapter les projets menés par le département à la transition écologique et à l’urgence climatique a été un véritable défi. C’est un changement de culture qui a dû s’opérer dans tous les services, en termes d’économies d’énergie, de végétalisation et de perméabilité de l’espace public, de mobilité douce, d’assainissement de bâtiments anciens, ou encore de réemploi des matériaux dans la construction.

Concernant l’espace public, nous venons d’inaugurer le réaménagement de la place de la Synagogue, qui rend les lieux beaucoup plus agréables à vivre et renforce la mise en valeur de notre patrimoine architectural. Autre succès à saluer, le réaménagement de la rue des Rois que nous avons pu inaugurer en octobre dernier au terme d’un chantier qui a connu quelques aléas. Mais le jeu en valait la chandelle. Je constate avec le retour des beaux jours que la population s’approprie cet espace autrefois dévolu aux voitures et que les terrasses y connaissent un succès certain.

Autre exemple réussi de changement d’usage, même si c’est avec un aménagement provisoire, les rues en transition (du Port, du Prince et de la Tour-Maîtresse). A nouveau c’est évidemment par beau temps que l’on perçoit le mieux les bénéfices du réaménagement. Mais je pense que c’est un signal très encourageant pour continuer à apaiser l’hypercentre : je pense à la rue de la Rôtisserie, à Rive, à la Terrassière et je ne perds pas espoir pour Saint-Gervais même si les embûches y sont coriaces. En tout, ce sont plus de 7’000 m2 de surfaces perméables qui ont été créées en depuis le début de la législature.

En termes de constructions, la première pierre du dernier lot de l’esplanade de la gare des Eaux-Vives a été officiellement posée et les travaux de fondation de ce projet d’envergure ont commencé, après plus d’une année de dépollution de la terre au moyen de champignons. Cet imposant complexe réunira à la fois des installations sportives et socio-culturelles, et des logements. Le projet de rénovation et d’extension du Musée d’Art et d’Histoire a atteint un cap important, après des années de travail préparatoire et consultations : le lancement du concours d’architecte, dont le jury se réunira à l’automne. On peut encore citer, parmi les très nombreux projets de la Direction du Patrimoine Bâti, la rénovation complète de Cité-Jonction, dont la demande de crédit d’étude est sur les rails et sera proposée au Conseil municipal avant l’été. La Ville a pris un certain retard lors des précédentes législatures en matière de rénovation de ses bâtiments les plus anciens et les plus vétustes, notamment les logements et grands ensembles. Grâce à un crédit de près de 150 millions de francs voté en 2023 et visant à remplacer les vitrages de 120 immeubles à forte consommation, le travail à maintenant commencé.

En réponse à la flambée des effectifs scolaires, j’ai proposé une solution innovante avec l’implantation de pavillons modulaires et déplaçables. Fournir une école en 18 mois au lieu de dix ans habituellement a constitué un vrai défi pour le département. Ceux des Allières, de Trembley et de Vieusseux sont maintenant en service. Des pavillons ont également été installés aux Franchises, afin de permettre la rénovation de l’école Liotard dès 2024. Des projets de construction d’écoles sont lancés aux Vernets et au Mervelet, et la rénovation du préau végétalisé de l’école des Pâquis est en cours. Plusieurs crèches ont été ouvertes depuis le début de la législature: Manège en Ville, la crèche Victoire-Tynaire ou encore le secteur petite enfance Marie Goegg-Pouchoulin à l’écoquartier Jonction. La rénovation de la crèche de la Madeleine est pour sa part en cours.

Le Service d’urbanisme, de son côté, vient de terminer un immense travail, avec la révision de notre plan directeur communal, qui a pris plus de deux ans. Le PDcom esquisse la Genève que nous voulons à l’horizon 2040, en termes d’espaces publics, de mobilité, ou encore de développement.

Depuis la crise énergétique due à la guerre en Ukraine, le Service de l’énergie a été très sollicité afin de mettre rapidement en place des mesures d’économies et d’efficacité énergétique. Cela se traduit notamment par une gestion affinée du chauffage des bâtiments, le remplacement de toutes les lampes par des LED, l’installation de détecteurs de présence partout où c’est pertinent, ou encore la mise en service de la plus grande centrale solaire photovoltaïque de la ville sur le toit de la patinoire extérieure des Vernets (2720 m2).

Pour l’avenir, les défis sont particulièrement nombreux pour le département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité.

En matière de transition énergétique, le déploiement des plus grands réseaux thermiques écologiques jamais bâtis à Genève (tels que le CAD ou Genilac) va s’intensifier et bouleverser le paysage urbain avec de nombreux chantiers SIG dans l’espace public. Ce sera toutefois une formidable opportunité pour la Ville de profiter de ces ouvertures de chaussées et trottoirs pour les requalifier, en les apaisant et en les végétalisant.

La Ville de Genève a pour objectif de multiplier par cinq sa production photovoltaïque d’ici la fin de la prochaine législature, et elle devra pour cela faire usage de toutes les surfaces disponibles, notamment au niveau des toitures.

En termes d’aménagement, la Ville doit continuer d’œuvrer pour désimperméabiliser certaines surfaces, afin de favoriser l’écoulement des eaux et végétaliser. La complexité de ces projets implique de nombreux échanges avec les offices cantonaux, et fait fréquemment l’objet de recours.

La lutte contre les îlots de chaleur en ville va faire partie des gros enjeux de ces prochaines années. Il s’agira d’intensifier la plantation d’arbres partout où c’est possible, sachant que de multiples contraintes existent en milieu urbain : disponibilité du sous-sol, accès pompiers à respecter, distances aux façades, et bien entendu résistance des milieux automobiles lorsqu’on prend ces nouveaux espaces sur ceux dévolus à la circulation ou au stationnement.

Les parts modales de la marche et du vélo étant en pleine expansion, les mesures d’apaisement de la circulation pour améliorer la sécurité des piétons et des cyclistes doivent se poursuivre et s’intensifier, avec la création intensifiée de zones 20 et 30, de pistes cyclables et de rues piétonnes.

La construction d’équipements publics culturels, sportifs, scolaires et parascolaires devra se poursuivre, avec l’augmentation démographique prévue en ville de Genève. De même, la rénovation des grands ensembles tels que Seujet et Asters est déjà prévue, et sera réalisée ces prochaines années.

Les nombreux projets que j’ai initiés et réalisés à la tête du Département de l’aménagement, des constructions et de la mobilité, témoignent de la volonté qui m’a toujours guidée, celle d’aller vers une ville de Genève plus verte et résiliente face à l’urgence climatique et sociale, pour protéger la population de ses effets néfastes et offrir à chacune et chacun un cadre de vie agréable.

Je continuerai de m’y employer avec force pendant l’année qui vient, et jusqu’à la fin de mon mandat. Le parti des Vert-e-s est dynamique et foisonnant de talents et de personnes plus jeunes motivées à prendre la relève, et je me réjouis de les voir à l’œuvre pour relever les défis qui attendent la Ville de Genève et sa population.

 

Frédérique Perler