Par Omar Azzabi, Conseiller municipal en Ville de Genève à propos de la Motion M-1436 « Point de dignité sans Points d’eau », prononcé le 15 mai 2019

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Conseillères municipales,

Avant de pouvoir argumenter formellement sur l’urgence qui nous intéresse ici, je suis allé me renseigner sur le site des autorités de la Ville pour tomber sur la brochure du Département de Cohésion Sociale appelée : « Lieux d’accueil d’urgence à Genève 2019 » édition du printemps 2019. J’ai dès lors entrepris l’exercice suivant ; celui de me mettre dans la peau d’un des 400 à 1000 sans-abris de Genève[1] qui veut prendre une douche, laver mes habits et éventuellement me faire soigner, quels sont les lieux qui s’offrent à moi en Ville de Genève ?

Si je suis une femme seule avec enfant ou un mineur non accompagné seules deux options s’offrent à moi :

  • L’association Le Care à la rue du Grand Bureau les lundis, mardi, jeudi et vendredi de 9hà12h et et de 14h à 15h30 (https://lecare.ch/)

Ou

Et si je suis un homme seul, il me reste alors un seul lieu en plus de ceux citer précédemment :

Ce manque accablant de lieu d’hygiène et de santé gratuit sur le territoire de la ville se traduit par la sur-occupation et la sur-utilisation du seul « Point d’Eau » ainsi nommé disponible :

  • Une fréquentation de plus de 100 personnes par jour en moyenne
  • 25’00 douches par an, 4500 lessives, 500 coiffures, 250 pédicures et 400 soins dentaires par an

Ce problème sanitaire public vient mettre en lumière la précarité menstruelle des femmes sans abris ou sans revenus suffisants, ce qui les met face à un risque accru d’infection auquel les autorités n’amènent pas de mesures suffisantes.

De plus, le problème de l’utilisation des salles d’eau par des populations précarisées cherchant à répondre à leurs besoins élémentaires d’hygiène dans les centres sportifs de la Ville met aussi en avant une absence totale de vision et de collaboration interdépartementale au sein du Conseil administratif à propos de cette urgence publique de 1er niveau.

Rappelons enfin que l’accès à des lieux d’hygiène et de santé gratuit pour des personnes précarisées n’est en rien un geste charitable, il relève d’une obligation d’Etat et d’un droit fondamental inscrits à l’art. 7 et 12 de la constitution suisse et à l’article 14 et 171 de la Constitution genevoise. Même si une solution intercommunale voire intercantonale doit être amenée comme réponse à la gestion nécessaire de la situation, la Ville doit se positionner de manière à montrer la voie avec un projet offrant une vision de long terme pour la prise en charge de ces personnes.

C’est pour toute ces raisons que les Verts vous demande de soutenir ce projet de motion qui poussera le Conseil administratif à évaluer les dispositifs et les besoins existants en matière d’hygiène et de santé en Ville. Cela l’engagera surtout à mettre en place, en concertation avec les acteur.trice.s concerné.e.s (comme l’Haute Ecole de Travail Sociale ou les associations), de nouveaux Points d’Eau urgemment attendus avant la fin de la présente législature. Et enfin, il sera dès lors possible d’identifier l’étendu de ce problème de santé publique que consiste la précarité menstruelle dont une part non négligeable de femmes sur notre territoire sont victimes.

Laissez-moi terminer mon intervention par la citation d’un des plus grand défenseurs de la dignité humaine et des laissés-pour compte, j’ai nommé l’Abbé Pierre :

« La maladie la plus constante et la plus mortelle, mais aussi la plus méconnue de toute société, est l’indifférence. »

Il est temps de traiter cette maladie et c’est pour cela que le groupe des Verts vous demanderont le renvoi direct au Conseil administratif sans discussion. 

[1] https://www.rts.ch/info/regions/geneve/10337025-appel-lance-a-geneve-pour-ameliorer-la-prise-en-charge-des-sans-abri.html