Denis Ruysschaert

Leyma Wisard Prado

Bénédicte Amsellem-Ossipow

Contexte

En janvier 2022, le Groupe de travail d’experts de l’ONU sur les personnes d’ascendance africaine a déclaré être préoccupé par la «la prévalence de la discrimination raciale et la situation relative aux droits humains des personnes d’ascendance africaine en Suisse». Cette conclusion fait écho de l’étude dirigée par l’Association Coordination genevoise en 2020 à travers le Centre – Écoute contre le racisme. Sur les 120 cas de violence raciste, 42% étaient anti-noir, 20% xénophobe, 15% anti-arabe, 10% anti-latino, 8% anti-asiatique et 5% anti-musulman.

La Ville de Genève s’est engagée contre les discriminations liées au genre (inégalités entre hommes et femmes), à l’orientation sexuelle (LGTBQX) ou à l’origine (en particulier marqué par la couleur, l’accent ou le nom). Pour autant sa préoccupation pour les inégalités liées aux origines, en particulier aux personnes d’ascendances africaines, est nouvelle. Cette préoccupation semble encore dans son enfance à trois niveaux complémentaires : la discrimination, la cohésion sociale et la promotion de la culture.

  1. Sous sa rubrique « Lutter contre les discrimination », le « projet de budget 2022 » donnait ses priorités politiques en omettant de mentionner la lutte contre la discrimination liée aux origines. Le « budget 2022 » approuvé prévoit une subvention de 50.000FR, comme en 2021, pour le « Fonds pour la prévention et la lutte contre le racisme anti-noir-e-s ». Ce fond correspond à 1,3% de subvention (3.837.400FR), pour l’aide sociale ou encore 0,3% des subventions (12.674.107FR) de l’Agenda 21 – Ville durable.
  2. Concernant la « cohésion sociale et solidarité », le département de tutelle a pour la première fois établi une ligne de subvention pour l’Afrique. Il s’agit de 55.000FR à l’Association Université Populaire Africaine (UPAF). Cette somme représente 10% du budget total des formations ou encore 0,04% des subventions monétaires (169.207.997FR) dédiées à la Cohésion sociale et solidarité.
  3. Concernant la « Culture », le département de tutelle a pour la première fois accordé une ligne de subvention à la culture noire africaine. Il s’agit de 60.000FR à Couleur Café. Il s’agit de 0,1% du total des subventions monétaires (55.651.628FR) attribuées à la culture.

Cette analyse ci-dessus du budget 2022 interpelle par l’inadéquation entre l’importance du racisme antinoir en Suisse/sur Genève et les moyens financiers dégagés. A travers cette question écrite, nous souhaitons clarifier ces observations préliminaires et demander à la ville qu’elle dégage les moyens financiers nécessaires : pour lutter contre le racisme antinoir, assurer la cohésion sociale et promouvoir la culture africaine.

Questions :

  1. Quels sont les moyens financiers dans le budget 2022 alloués pour lutter contre la discrimination antinoir, et ceci comparé aux autres formes de discrimination (en particulier l’égalité de genre et la discrimination LGTBQX) ?
  2. Quels sont les moyens humains que dispose la ville de Genève pour lutter contre la discrimination, et ceci comparé aux autres formes de discrimination (l’égalité de genre et la discrimination LGTBQX) ?
  3. Quelle est la part des moyens humains dédiés aux discriminations d’origine qui est portée au sein de l’administration par des personnes issues d’origine extra européenne ?
  4. Quels est l’objectif politique que ce donne la ville de Genève pour réduire et éliminer à terme la discrimination anti-noir ?
  5. Quelles sont les activités prioritaires de la ville pour se préoccuper du racisme antinoir ?
  6. Quels sont les moyens financiers et humains que la Ville de Genève a besoin pour réduire drastiquement, voire éliminer, la discrimination anti-noir sur son territoire ?
  7. Où prendre les moyens financiers et humains nécessaires pour se préoccuper du racisme anti-noir pour le prochain budget 2023 ?
  8. Comment assurer que la richesse culturelle africaine noir soit mieux reconnue comme contribution à la diversité de notre ville ?
  9. Quel est le nombre de personnes d’origine hors union européenne travaillant dans l’administration ? Dans quels services sont-ils ? Quel pourcentage représentent-ils dans l’administration ?