Denis Ruysschaert

Uzma Khamis Vannini

Les arbres, les arbustes et les arbrisseaux prennent soin de notre ville et de nous-même à travers leurs services écosystémiques gratuits qu’ils nous offrent:

  • ils donnent un microclimat rafraîchissant, ils purifient l’air, ils constituent un mur anti-bruit.
  • Ils offrent aussi un refuge, un site de reproduction et constituent de la nourriture pour une grande variété d’espèces animales et végétales.
  • Plus encore, les arbres enchantent nos sens qui ont évolué pendant des centaines de milliers d’années avec eux: leur couleur verte apaise notre vue, le bruissement du vent dans le feuillage nous relaxe, leurs odeurs flattent nos narines.

Parmi ces plantes, les arbres fruitiers (p. ex. pommiers, cerisiers), les arbustes fruitiers (p. ex. noisetiers) et les arbrisseaux (p. ex. mûriers, framboisiers) ont un statut particulier. En effet, non seulement ils prennent soin de nous en donnant tous les services gratuits précités, mais en plus ils en donnent deux autres.

Tout d’abord, ce sont des plantes à fleurs chatoyant nos printemps. Ces fleurs sont à la base d’une belle biodiversité: elles nourrissent de nombreuses espèces d’insectes que dévorent les oiseaux (et tout particulièrement les passereaux qui enchantent nos oreilles), les reptiles et les petits mammifères. A cette lecture, le bon sens demande de privilégier les plantations d’arbres et arbustes fruitiers en milieu urbain pour prendre si bien soin de nous et de notre ville.

Pour autant, les plantations en milieux urbains restent dominées par un nombre extrêmement réduit d’espèces, en particulier le platane. Et aucune d’elles n’est comestible. En effet, les arbres doivent résister au manque d’eau (stress hydrique) et aux températures extrêmement élevées. Ces deux sources de stress sont liées à l’action humaine qui engonce les plantations dans le bitume sans partir du bien-être des arbres.

Les arbres fruitiers ont besoin que les humains prennent soin d’eux, ainsi les êtres humains doivent leur donner un sol fertile, une taille adaptée, un arrosage adéquat.

L’exigence de ces arbres fruitiers ne doit en aucun cas être utilisée comme prétexte pour ne rien faire ni se contenter de quelques espèces d’arbres ornementaux résistants. Au contraire, prendre soin des arbres fruitiers en milieu urbain et développer ses plantations doit être une nouvelle manière de percevoir les arbres en ville.

Certes, le Service des espaces verts (SEVE) mène déjà des projets de vergers, et même de vergers à hautes tiges. Il y a par exemple celui du parc Beaulieu, ou celui des Crêts. Celui des Crêts, mené en 2021, constitue une belle collaboration avec l’association Label-Vie, qui a récolté de manière participative avec les habitant-e-s et fait du jus sous le couvert de la ZIC grâce à son cyclo-pressoir. Le SEVE plante déjà chaque année des plantations de fruitiers sur le domaine public, en collaboration avec Pro Specie Rara.

Cela étant, nous devrons prendre pied sur ces exemples pour les démultiplier et les rendre norme en ville de Genève afin de mener une politique plus ambitieuse. C’est une exigence à très court terme pour que cette politique porte ses fruits. Il est en effet notoire qu’il faut attendre cinq à dix ans pour que les arbres fruitiers produisent à plein régime.

En ce sens, voici nos questions:

  • Combien d’arbres fruitiers comestibles, d’arbustes et d’arbrisseaux sont plantés en ville de Genève sur le domaine public?
  • Quel est le pourcentage d’arbres fruitiers comestibles plantés en ville de Genève, par rapport à l’ensemble des arbres?
  • Quels fruits produisent-ils?
  • Combien d’hectares ces arbres fruitiers représentent-ils? Quel est le pourcentage de ces hectares d’arbres fruitiers par rapport à l’ensemble des hectares plantés?
  • Quelle est l’évolution ces cinq dernières années des plantations d’arbres fruitiers?
  • A quel endroit et combien d’hectares d’arbres fruitiers pourront-ils être plantés dans l’immédiat?
  • Quelles espèces d’arbres, d’arbustes et d’arbrisseaux sont-elles les plus adaptées à Genève? Et pourquoi?
  • Combien coûterait l’installation, l’entretien et le développement de plantations d’arbres fruitiers?
  • Quels sont les moyens de consommation, de vente ou de mise à disposition de la population?