Projet Cité de la Musique – Le préavis du Caucus
ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE du 2 novembre 2020– REFERENDUM CONTRE LA CITE DE LA MUSIQUE
Quelques mots pour vous expliquer le refus en bloc (unanimité moins une abstention) du groupe des Vert.e.s de la PR-1395 concernant le projet de la Cité de la Musique. Nous espérons que l’Assemblée appuiera la position prise au Conseil municipal et acceptera que le parti soutienne officiellement le référendum. Il est en effet important que la population puisse se prononcer sur ce Plan Localisé de Quartier (PLQ) car ses enjeux dépassent de loin la simple question de l’aménagement et portent dans son essence sur un projet et un développement culturels plus larges. Enfin, ce sont les contribuables du canton qui, à terme, en payeront le prix (6.5 millions CHF/an).
Nous n’étions pas, à priori, contre ce projet, qui semblait intéressant et pour lequel la Ville ne devait au final payer que pour l’entretien du parc (le bâtiment étant entièrement payé par la Fondation Wilsdorf, pour un coût estimé à 300 millions de CHF). La Fondation a, par ailleurs, fait des efforts, en revoyant notamment son projet pour replanter le double du nombre d’arbres abattus.
Cependant, si les Vert.e.s étaient attendu.e.s sur la question des arbres, nous pouvons décemment dire qu’ici « l’arbre cache une forêt ». En effet, d’autres problèmes vont clairement dans le sens inverse de notre programme en termes de biodiversité, de végétalisation ou encore de diversité culturelle.
Malgré les dernières déclarations de la Fondation sur une ouverture « garantie » dudit projet à toutes les musiques, en l’état, il ne l’est pas. Ce projet a été conçu comme « un mariage forcé » entre et uniquement pour l’Orchestre de Suisse Romande (OSR) et la Haute Ecole de Musique (HEM). Aujourd’hui, la Fondation exprime son souhait d’ouvrir au plus grand nombre, mais dénotons que les 158 autres acteurs musicaux genevois devront de facto se partager les restes, à savoir : une salle philharmonique très disponible (266 soirs par an) mais hors de leur bourse (à titre de comparaison, le Victoria Hall coûte 8000 CHF/représentation à la location), et une black box libre uniquement pendant une grande partie de l’été ainsi que pendant les vacances scolaires.
Si nous sommes conscient.e.s des besoins urgents de locaux pour la HEM (dispersée actuellement sur 9 sites), et comprenons que le tout nouveau campus de la HEAD puisse leur donner des envies, nous ne pouvons justement que les encourager à prendre exemple sur ce campus et à proposer un projet à l’échelle de leurs besoins et financièrement viable. Une des pistes alternatives consisterait à réhabiliter d’anciens bâtiments et à les reconvertir (surtout dans des zones de friches), ce qui va de pair avec le programme 2020-25 des Vert.e.s Ville de Genève. Sachant que la Ville de Genève dispose actuellement de 330’000 m2 de constructions vides et disponibles dont une grande partie de bureaux, nous ne pouvons que suggérer cette utilisation alternative et créative pour un tel projet culturel.
Nous assumons également qu’une grande partie d’entre nous prône la décroissance, ou tout du moins, une croissance raisonnée et raisonnable. À l’heure du changement climatique, la question qui s’impose à nous est celle du besoin. Et si le besoin est avéré pour la HEM, il n’y en a néanmoins pas pour des salles de concert supplémentaires en Ville de Genève. Ce projet est pharaonique, démesuré et d’un autre temps. Trois nouvelles salles en Ville de Genève, dont une salle philharmonique qui sera inutilisée 266 jours par an, ce n’est pas raisonnable.
Notre plus grand souci reste le coût d’exploitation de ce lieu : si le bâtiment est offert (à un prix annoncé de 300 millions de CHF), il demeure une réelle incertitude quant au financement du budget de fonctionnement de ces trois nouvelles salles. Devisé à environ 13 millions par an – en plus des frais habituels de la HEM et de l’OSR, une moitié serait prise en charge par la Fondation (40% de billetterie et 10% de mécénat) et la seconde moitié proviendrait de « financements publics » comptant principalement sur le canton. Cependant, le canton n’est pas en mesure d’assumer les coûts indiqués, et si le Conseiller d’Etat Apothéloz avait annoncé soutenir le projet, il a déjà commencé à se rétracter en affirmant dans la presse le mois dernier qu’il n’assumerait pas une dépense de 6.5 millions mais seulement de 2.5 millions (cf. Le Courrier du 3.10). Ainsi, la question se pose : qui paiera le reste de ce montant de 4 millions par an ? Le contribuable, une fois n’est pas coutume, via l’Association des Communes Genevoises (ACG), l’Etat de Genève ou la Ville de Genève. Ce.tte contribuable reste le principal financier d’un projet culturel hors norme et qui ne s’intègre pas dans une vision globale du paysage actuel.
Abordons finalement la thématique de la végétation chère aux Vert.e.s. Les parcs sont les poumons de notre ville. Ainsi « construire dans un parc pour l’offrir à la population » manque de sens. En effet, nous souhaitons dé-bétonner pour végétaliser et protéger ce dont nous bénéficions déjà en termes de verdure. Sachant que les deux à trois arbres plantés pour chaque arbre abattu (plutôt deux que trois pour le moment) le valent rarement. Enfin, ce quartier regorge déjà de parcs ouverts au public, et selon Pro Natura, cet espace arboré dans son état actuel, fourmille d’une biodiversité précieuse qu’il sera difficile de garder en rendant cette espace accessible au public.
Ce projet n’entre pas dans l’agenda et la vision verte de durabilité sur le long terme.
Pour toutes ces raisons, nous considérons comme essentiel que la population puisse se prononcer sur le projet de la Cité de la Musique et espérons que vous soutiendrez le référendum.