Les échos du CM des 3 et 4 décembre 2019 – A la recherche d’éthique et de transparence
Par Delphine Wuest, cheffe de groupe des Vert.e.s au Conseil municipal de la Ville de Genève
La séance de mardi démarre sur un arbre. En tant que cheffe de groupe des Vert.e.s, j’ai offert symboliquement un arbuste à la présidente du Conseil Municipal, en accompagnement du dépôt de la pétition « Arbres abattus en Ville de Genève : halte au massacre ! Pour un moratoire sur toute nouvelle coupe d’arbre ! ». Ce buisson de sauge étant utilisé par les indien.ne.s navarro lors de leurs séances rituelles, j’ai exhorté le Conseil Municipal à en prendre de la graine et se reconnecter à la Terre.
Beaucoup de questions orales, et peu de réponses satisfaisantes de la part des membres du Conseil Administratif, cette séance démarre sous le thème du « zéro transparence ». D’ailleurs l’urgence sur le PRD-195 qui demandait « exemplarité et cohérence dans la transparence » a été refusée.
Puis, à la demande du Conseil Administratif d’un crédit de plus de 6 millions et demi pour renouveler le parc informatique des conseillères et conseillers municipaux.ales, notre élu vert Omar Azzabi répond oui mais en déposant un amendement visant à y « intégrer les notions de décroissance et d’énergie grise afin de procéder de manière écoresponsable au remplacement du parc informatique dans le but d’augmenter les durées de vie des ordinateurs». Egalité des votes sur cet amendement, notre présidente départage les voix et fait passer cette notion importante dans la lutte contre l’obsolescence programmée chère aux Vert.e.s. On s’attaque ensuite au Grand Théâtre : qui quémande une fois de plus une rallonge. C’est l’occasion pour les un.e.s et les autres de s’exprimer sur ce poids-lourd déficitaire et dont la Ville finance le 96% du subventionnement alors que ses prestations bénéficient à toute la population du canton, voire plus loin encore. Pour certain.e.s, il est temps de mettre le holà, d’autres moins radicaux.ales proposent d’éponger une dernière fois le déficit mais de demander au Grand Théâtre de faire un effort pour l’avenir. Notre élue verte Laurence Corpataux le répète : « pour les années à venir, la Ville de Genève ne doit plus être le sapeurs-pompiers du Grand Théâtre ». Le débat reprendra mercredi, car les pompier.ère.s – les vrai.e.s (15 hommes et 1 femme) – sont présent.e.s dans le public et attendent depuis le début de la soirée que l’on traite leur demande de 19 postes supplémentaires.
Avec 5’260 heures supplémentaires pour le SIS, les besoins de postes additionnels sont réels. Le canton doit également mettre la main à la poche et participer au financement du SIS, dont les pompières et pompiers professionnel.le.s partent en mission sur tout le territoire cantonal, en ajoutant 10 postes complémentaires pour l’année 2020. Les Vert.e.s soutiennent cette augmentation de 29 postes au total d’ici à 2021.
Le SIS traite 7’500 interventions par année : des urgences mais aussi un grand nombre d’interventions auprès de personnes âgées seules victimes d’une chute ou d’un accident. « Ces interventions du SIS auprès des plus faibles et des plus démuni.e.s est aussi un signe du manque de moyens du service public », signale notre candidat au CA Alfonso Gomez.
Si pour certain.e.s demander des postes sur le budget 2021 est illégal, au final la proposition est votée à l’unanimité ! Un 3ème débat est demandé pour le mois de janvier.
Mercredi, on reprend le débat sur le Grand Théâtre de Genève. Selon Laurence Corpataux, « les Vert.e.s ne veulent plus que la Ville soit le dindon de la farce, notamment en votant un budget après le refus de la fondation du Grand Théâtre de fournir des données claires et transparentes au sujet des travaux ou de la vente de l’Opéra des Nations, demande légitime des commissaires ; un manque de transparence proche de l’opacité concernant la gestion des comptes, et donc de l’utilisation de nos deniers publics ». Résultat : la clause d’urgence est refusée, et le plénum accepte de couvrir le déficit de l’année dernière mais n’avancera pas de quoi combler celui de l’an prochain, le message est clair : merci de surveiller désormais votre bourse, qui est surtout la nôtre. Décision définitive, il n’y aura pas de 3ème débat.
Sujet suivant : une subvention de 100’000 francs à une obscure fondation dont l’intérêt public laisse planer un gros doute, notamment pour la raison que plusieurs membres du conseil sont d’ancien.ne.s de Nestlé dont son ex-PDG. Si les buts avoués de la Fondation Geneva Science and Diplomacy Anticipator sont d’étudier le génie génétique et l’intelligence artificielle et leur impact sur la médecine et l’agriculture, notre élue verte Uzma Khamis Vanini rappelle : « si la diplomatie scientifique est indispensable, elle doit inclure des éléments d’éthique et de justices climatique et sociale. En effet, sans garantie ou garde fou d’un fonctionnement éthique mené par des personnes responsables, nous foirons ». La Confédération Helvétique a donné 3 millions, le canton aussi a sorti ses sous, aujourd’hui on demande au municipal : notre population paie donc 3 fois pour cette fondation dont la direction a été confiée à une personne qui a œuvré pour la privatisation de l’eau ! Egalité des votes, donc c’est notre présidente qui départage les voix, la subvention est donc refusée à cette fondation douteuse.
Après un petit coup de boost sur l’ordre du jour, avec le vote de 10 rapports d’anciens textes votés en commission à l’unanimité dont la M-1199 « réduire le gaspillage de denrées alimentaires sur le territoire de la Ville de Genève » ou la pétition 317 « pour le maintien des jeux de Baby-Plage », on revient sur les urgences et sur le thème de la transparence avec une demande concernant « l’audit de la fonction publique municipale ». Si toute la lumière doit être faite sur cet audit, les Vert.e.s avaient déposé un amendement visant à supprimer la dernière invite qui laissait entendre que des menaces avaient été proférées ; il.elle.s regrettent que cette nuance n’ait pas été écoutée. La motion est donc votée en l’état. Puis rideau, il est temps de se séparer.
Les 3 urgences déposées par les Vert.e.s ne pourront une fois de plus pas être traitées : urgence climatique, mesures d’accompagnement de l’arrivée du CEVA ou transparence sur les jetons de présence, devront attendre le mois de janvier, faute de temps.