Par Uzma Khamis Vannini, conseillère municipale en Ville de Genève et cheffe de groupe

Exceptionnellement les séances plénières du Conseil municipal se sont déroulées sur trois jours, soit le mardi 26 et le mercredi 27 mars 2019 et, en raison de l’ordre du jour chargé, une séance supplémentaire a été agendée au 1er avril 2019 lors que de laquelle le Conseil municipal a pu traiter plus de quinze points à l’ordre du jour.

Concernant les moments forts de ces trois journées, il convient tout d’abord de relever qu’elles furent fastes et favorables aux Verts.

TOUS ET TOUTES D’ACCORD !

L’engagement de la nouvelle génération en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique ainsi que leur grève, suivi par plus de 5000 personnes à Genève, ont eu pour effet que le Conseil municipal à l’unanimité a voté l’urgence et le renvoi en commission d’un projet de délibération des Verts rédigé sous la plume de Laurence Corpataux et Alfonso Gomez touchant à la levée des déchets.

Ce projet de règlement concerne la gestion des levées des déchets urbains des entreprises et propose de développer la participation de la voirie. Il prévoit notamment la mise en place d’un service communal en lieu et place d’une privatisation.

Dans la lancée, a été acceptée l’urgence pour l’aménagement de la place des Augustins, aux fins d’améliorer la mobilité douce et la mise en place effective de rues piétonnes.

C’est encore le lieu d’annoncer que la motion M-929 A a également été acceptée : Elle visait à créer des places de livraison en ville de Genève, de manière à ne pas entraver les transports publics et la mobilité douce.

PAS D’ACCORD DE LOGER

La majorité de droite a refusé d’entrer en matière sur la proposition d’un cautionnement public des logements pour les personnes en précarité déposée par Omar Azzabi, conseiller municipal vert. Elle a refusé l’urgence, malgré la pénurie et la précarité auxquelles doivent faire face les personnes en recherche de logements  qui disposent de peu de moyens.

Toujours en ce qui concerne le logement et en particulier sa construction, le magistrat Rémy Pagani  avait déposé une PR-1344 en vue d’exercer le droit de préemption de la Ville de Genève dans le cadre de la vente d’une parcelle située au Petit-Saconnex. Celle-ci devait être cédée par ses propriétaires aux sociétés Immologiques Promotions sarl, Immologiques Proprietes sa et Wave Art sarl.Le magistrat ait tenté à plusieurs reprises de faire en sorte que la Ville de Genève en exerçant son droit de préemption ait la maîtrise du foncier afin de construire plus de logements selon les besoins des habitant.e.s de la commune.

Devant le refus affiché de la droite majoritaire, la garantie de l’appui de l’alternative formée des Verts, du PS et d’Ensemble à Gauche, n’a pas fait le poids face à la pression des milieux immobiliers. Devant l’impossibilité de pouvoir mener à bien sa proposition pour que la Ville de Genève achète ce terrain, le magistrat a retiré son projet de résolution.

Or, en ces temps de pénurie de logements et de politique néolibérale, il convient dans l’intérêt de la population d’intervenir massivement dans le secteur de l’immobilier afin de pouvoir proposer à la population des objets en location ou en coopérative accessibles à la classe populaire ou moyenne.

Ce n’est qu’en étant bailleresse elle-même que la Ville de Genève pourra offrir des logements adéquats à des prix accessibles.

Une nouvelle fois la Droite appuyée par les milieux immobiliers et les promoteurs.trices a mis un frein à toute velléité de notre commune visant à mettre à disposition de ses habitant.e.s des logements permettant, notamment, de réduire les heures passées dans le trafic pour le déplacement sur son lieu de travail.

Il sied donc de rappeler que chaque fois que l’exercice du droit de préemption est refusé à la Ville de Genève par la majorité du conseil municipal, c’est bien tous.tes les habitant.e.s de la commune qui en pâtissent ; l’exercice du droit de préemption fait obstacle à la spéculation, lutte contre la formation de dangereuses bulles immobilières, favorise la mixité sociale dans les quartiers et rassure la population en offrant des contrats de baux à longue durée.

Ainsi, refuser l’exercice du droit de préemption à la Ville de Genève n’est pas un acte anodin, c’est un choix politique qui favorise les promoteurs.trices au détriment du bien-être des habitant.e.s de la commune.

D’ACCORD MAIS PAS TROP…

Nous avons contribué à faciliter la vie de famille et développé le dispositif d’accueil pour les enfants et les adolescent.e.s pendant les congés scolaires.

Cette question a pu être avancée à l’ordre du jour grâce à l’intervention de notre magistrate Esther Alder. En effet, a été traitée la motion M-970 déposée par le Groupe des Verts, notamment sous la plume d’Yves de Matteis en 2011. Les Verts ont été visionnaires puisqu’en 2013 la Constitution genevoise demandait l’application de cette motion telle que rédigée.

Bien que les étoiles semblaient alignées, c’était sans compter sur l’intervention du MCG qui, soutenu par le bloc UDC, MCG, PLR et PDC, a réussi à vider ladite motion d’une grande partie de son sens. Sur les quatre points que comportaient cette motion, dans le cadre de la Commission, ces groupes avaient déjà suppri
mé le quatrième point en l’amendant. Ce point portait sur l’organisation d’un colloque annuel de la petite enfance ayant pour sujet « la diversité des familles ».

Nonobstant, lors de la séance plénière cette majorité a gagné de deux voix et a amputé deux autres points portant sur la formation continue obligatoire pour les éducateurs et les éducatrices. Cette formation aurait dû traiter des spécificités liées aux situations diverses vécues par ces enfants dans leur cadre familial, pour diverses raisons comme leur origine, leur appartenance ethnique, religieuse, culturelle ou l’accueil des personnes en situation d’handicap ou encore celles des enfants issu.e.s de familles homoparentales ou transparentales.

Non content d’avoir retiré une partie importante de cette motion, cette même majorité a également retiré la deuxième invite qui devait veiller à la création d’une politique inclusive liée à la diversité spécifique de la petite enfance.

Le résultat : une seule invite, soit celle de veiller de manière générale à ce que la politique de la petite enfance de notre ville inclue la sensibilisation au respect de tous les enfants et qu’elle soit compatible avec les recommandations du Haut-Commissariat des droits de l’homme et du Comité des droits de l’enfant de l’ONU.

Toutes les familles concernées et touchées par ce travail de sape apprécieront à leur juste mesure le gage de qualité et de protection qui leur a été refusé et pourront en tirer des conséquences sur les élections à venir.

ALLO ? …. ALLO ! ON N’EST PAS D’ACCORD !!

Enfin, les Verts ont soutenu une motion PDC de 2008 portant sur la sécurité informatique.

Les Verts nous sommes prompt.e.s à collaborer sur des projets constructifs et écologiques, la réciprocité est-elle acquise ?  Nous le découvrirons lors du traitement en plénière du texte avant-gardiste déposé par les Verts par le biais d’Alfonso Gomez portant sur le 5G (la M- 1316 déposée le 27 septembre 2017, intitulée « Antennes, rayonnements et principe de précaution : protégeons la santé de nos enfants ! » ).

Et à ceux.celles qui disent que c’est avoir tort que d’avoir raison trop tôt, nous répondrons que ce n’est pas parce qu’ils.elles étaient nombreux à avoir tort qu’ils.elles ont fini par avoir raison !  Quinze mois après le dépôt de la motion par les Verts, le débat sur la 5G fait rage à tous les niveaux : européen, national, cantonal… sauf auprès de la majorité du Conseil municipal. Cela viendra et nous porterons la voix des habitant.e.s de la Ville de Genève pour retranscrire leur préoccupation et inquiétude sur le sujet.