Par Delphine Wuest, cheffe de groupe des Vert.e.s au Conseil municipal de la Ville de Genève.

Après 2 mois de suspension pour cause de Covid, les retrouvailles des 80 conseillers et conseillères municipales se sont déroulées avec toutes les mesures nécessaires : masques, gel hydroalcoolique et distanciation de 2 mètres.  Le Canton nous ayant permis de siéger pour une séance extraordinaire, notre ordre du jour a lui aussi été adapté, subissant un régime drastique en passant de 250 à 50 points : seuls les sujets indispensables et urgents y subsitaient.

Mardi soir, notre présidente prend le temps de faire passer toutes les questions orales, et il y en a !  Presque chaque conseiller et conseillère en posera une, comme aucune urgence n’a pu être déposée, Covid oblige, c’est notre seule manière de parler des mesures faites ou à mettre en place en ces temps de déconfinement prudent.  Un certain nombre de ces questions concernent les vélos, la droite étant rouge de colère contre les aménagements provisoires de M Dal Busco.  A gauche aussi on parle du vélo, mais en remerciant et se réjouissant de ces nouvelles pistes enfin dignes de ce nom et qui permettront aux plus hésitant.e.s de passer au vélo.

Chez les Vert.e.s, on a aussi posé d’autres questions, notamment sur le rôle de la police municipale lors des arrestations des manifestant.e.s pacifistes du 4 mai : 750.- d’amende pour chacun.e et quelques arrestations dans des circonstances aux mesures sanitaires très discutables.  En effet, alors que les militant.e.s respectaient la distanciation sociale, manifestant dans des carrés de 4m2 dessinés à la craie et éloignés les uns des autres, la police n’a respecté aucune des mesures sanitaires (placage au sol sans masque, 5 personnes entassées dans une voiture de police sans masques, …) en les arrêtant justement pour le motif du non-respect des mesures de distanciation !  Sur les responsabilités des APM, le Conseil Administratif nous a renvoyés au Canton : en temps d’urgence Covid tous les policiers municipaux sont sous la tutelle de l’Etat.  Le même discours sera répété lorsque nous poserons une question sur les problèmes de gestion de l’ORPC à la caserne des Vernets : voyez avec le Canton. 

On reprend ensuite l’ordre du jour, plusieurs points passent tout droit : certains sont renvoyés en commission comme les comptes 2019 qui seront étudiés aux finances, ou votés sans débats comme ce crédit pour l’installation de 8 pavillons supplémentaires visant à accueillir les nouveaux élèves de l’école Le Corbusier, secteur des Eaux-Vives qui s’est extrêmment densifié avec la mise en route du CEVA.

Puis retour au vélo avec l’ouverture des débats sur les 2 points suivants : des crédits d’études pour l’aménagement de la place Cornavin (PR-1383) et une proposition de M Pagani visant à soutenir le changement d’habitude de nos concitoyen.ne.s en donnant à chacun.e 50.- pour réparer son cycle ou 100.- pour en acheter un.  Pour ce dernier point (PR-1406), ce fut l’occasion pour la droite de repartir sur un laïus de plaintes contre « ces pistes d’aéroport cyclables et vides » installées 3 jours plus tôt.  Si une partie du plénum était favorable au coup de pouce de M Pagani visant à remettre les genevois.e.s en selle, d’autres trouvaient que cet argent devait plutôt être dépensé en aménagements (avec l’installation d’épingles pour attacher son vélo, par exemple) ou même de le détourner pour le donner à celles et ceux qui ont faim (cette dernière proposition, mettant dos à dos des besoins complémentaires nécessaires, émanait bien sûr du MCG).  La proposition est finalement refusée, le demi-million ne sera pas dépensé.   Concernant la place de Cornavin, qui va subir de grands changements pour devenir une large place piétonne, ce fut encore l’occasion à quelques grincheux de regretter que les pauvres automobilistes soient chassés de la Ville.  Le projet a pourtant séduit la majorité des élu.e.s, comme c’était déjà le cas en commission, et seul le MCG a voté contre.  Cette proposition a été votée avec les amendements suivants : les Vert.e.s ont demandé une large végétalisation et arborisation de la place et un sol perméable, et le PS que soient intégrés des itinéraires cyclables continus et séparés des flux piétons.   

Enfin, ces séances ont également été l’occasion de préparer le terrain pour la nouvelle législature : refonte du règlement (PRD-210) et tarif des jetons de présence (PRD-259) ont occupé une partie de la soirée du mercredi.  Le règlement du Conseil Municipal a subit un lifting bienvenu qui devrait aider les élu.e.s de la législature 2020-25 à revenir à des ordres du jour plus acceptables : lors du débat, nous avons pu entendre qu’il y a 20 ans, les prises de paroles pouvaient aller jusqu’à 10 minutes par conseiller.e et pourtant l’ordre du jour était épuisé en une soirée, ce n’est aujourd’hui plus le cas malgré une diminution du temps de parole. Avec le nouveau règlement, le temps de parole sera encore restreint en passant à 5 minutes par personne.  En tout, ce sont 26 articles du règlement qui auront été modifiés, la commission a fait un travail de fond en grande collégialité.  Nous votons sans heurt cette nouvelle mouture.  Le tarif des jetons de présence de la future législature lance un débat plus houleux : les un.e.s estiment que la hausse proposée n’est pas adéquate en ces temps où beaucoup de nos concitoyen.ne.s ont perdu une partie de leurs revenus, les autres pensent que le mandat demande un investissement qui doit être rémunéré à sa juste valeur.  Mais surtout, on s’indigne sur certains rangs de la droite que ce soit des conseillers et conseillères non-élu.e.s qui se permettent de décider pour les autres.  Un 3ème débat aura lieu avec les nouveaux élu.e.s qui au final trancheront. 

Nous nous retrouverons les 26 et 28 mai pour terminer notre ordre du jour et pour dire au revoir à celles et ceux qui nous quittent, la moitié du CM s’en va : certain.e.s prennent leur retraite du Conseil Municipal, comme notre présidente verte Marie-Pierre Theubet, d’autres n’ont pas été réélu.e.s, mais se tiennent sur le haut de la file des viennent-ensuite comme nos collègues vert.e Antoine Maulini et Hanumsha Querkini !  Enfin, le dernier vert qui ne siègera plus comme conseiller municipal, Alfonso Gomez continuera à nous côtoyer … du côté du Conseil Administratif !