Les échos du CM du 14 décembre 2019 – Un budget 2020 « mi-raisin, mi-raisin » pour la Ville de Genève
Par Omar Azzabi, conseiller municipal de la Ville de Genève
Il est 8h du matin en ce samedi 14 décembre, les yeux sont petits et sur toutes les bouches deux sujet : l’interpellation de Simon Brandt et le budget 2020 ahurissant adopté par le Grand Conseil et refusé par la députation cantonale verte d’ailleurs (voir ICI) ;
Moins 412 postes dans l’enseignement, la police de proximité, service de protection de l’adulte, service de prestations complémentaire et au service de l’assurance maladie.
Un contexte de crispation et de méfiance entre l’Entente, le MCG et le Conseil administratif qui aurait pu se transformer en oiseau de mauvais augure, et ceci malgré un consensus au sortir de la commission des finances. Quand nous parlons d’un budget mi-raisin, mi-raisin, nous parlons d’un budget bénéficiant « d’un geste » de la droite afin de faire passer cette fameuse pilule de la « Réforme fiscale et financement de l’AVS » (RFFA) à propos de laquelle les Vert.e.s avaient déjà dénoncé les répercussions à tous les échelons en commençant par les municipalités. Pour la Ville de Genève, la facture se monte à 30 millions de francs à laquelle il faut déduire plus ou moins 10 millions grâce une subvention cantonale pour l’entretien des routes (qui se fait d’ailleurs toujours attendre). Au final, à 23h30 le même jour, après 14h de discussion, c’est un budget déficitaire de quelques 20 millions de francs (sur un total de 1,196 milliard de francs de charges) qui est adopté par 69 voix et 7 abstentions (Parti du travail et SolidaritéS) (voir ICI) sur lequel il convient de revenir plus en détails tant il s’éloigne de l’urgence climatique décrétée par le Conseil en mai 2019.
Une fois n’est pas coutume, commençons par les bonnes nouvelles attrayant au Département de la cohésion sociale et de la solidarité de notre Magistrate, Madame Esther Alder ;
- 110 places supplémentaires et deux millions de francs de subvention en faveur de deux nouvelles crèches : Carré Vert et de l’Ancien-Manège
- 1,8 million de francs pour le dispositif relatif à l’urgence sociale qui s’étoffe et la promesse d’héberger les personnes sans abri en surface
- Des moyens supplémentaires pour les maisons de quartier et ludothèques avec la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe)
- Soutien aux institutions proposant des activités à la journée/centres aérés avec le Groupe de Liaison genevois des Associations de Jeunesse (GLAJ) défendu par la conseillère municipale Laurence Corpataux
- Un programme de visite aux personnes âgées en partenariat avec la Croix-Rouge genevoise présenté en commission par Alfonso Gomez et défendu en plénière par la conseillère municipal Uzma Khamis Vannini
C’est ici l’occasion de souligner le travail remarquable de Madame Alder à la tête de son Département. Soulignons qu’au cours de cette législature, sa force de conviction et sa persuasion en faveur de la Petite enfance (plus de 1000 places créées depuis 2011 et un taux de couverture de 83%, le plus élevé du canton) et des sans-abris (logements d’urgence et le nouveau Point d’eau de la rue de Vermont tenue par l’association Carrefour-Rue, voir ICI) a été reconnu de toutes et tous, à commencer par les conseiller.ères municipaux.ales de la droite.
Abordons maintenant les questions qui fâchent et qui vous démontreront pourquoi il est primordial que l’Alternative (Vert.e.s, Parti socialiste, Parti du travail, SolidaritéS), à commencer par les Vert.e.s, doit reprendre la majorité lors des élections municipales 2020. Le conseiller municipal et candidat au Conseil administratif Alfonso Gomez s’est battu tant en Commission des finances qu’en plénière lors des discussions budgétaires pour démontrer le besoin pour la Ville d’adopter un « Plan climat » accompagné d’un « Fonds de soutien pour lutter contre l’urgence climatique » à hauteur d’un million de francs pour répondre à la décision du Conseil en mai dernier d’adopter « l’urgence climatique ». Malheureusement, rien à faire, malgré l’exposition de différentes idées sur les possibilités pour ce Fonds (rénovations et isolations du parc immobilier de la Ville, développement des jardins et fermes urbaines, développement des arbres fruitiers, mise à disposition de vélos et vélos-cargo afin de développer la mobilité douce, développement de la monnaies locale, sauvegarde de la biodiversité dans nos parcs, etc., la droite l’a balayé. Décidemment, ces discussions budgétaires ont été le parfait reflet de la différence entre les belles paroles et les actes quand il s’agit d’engagements politiques pour la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, seuls le Parti socialiste, le Parti du Travail et SolidaritéS ont appuyé la proposition des Vert.e.s.
Dans les déceptions marquantes de ces discussions budgétaires, nous pouvons noter une subvention indéfendable de 100’000 francs à la fameuse Fondation Geneva Science Diplomacy Anticipator dénoncées depuis de nombreux mois par les Vert.e.s avec Madame Khamis Vannini en tête de file. En effet, cette dernière est dirigée par deux anciens de Nestlé ayant déjà faits preuve de conflits d’intérêts et au sein de laquelle la Ville n’aura le droit qu’à un titre d’observatrice. Notre Présidente du Conseil municipal, Mme Marie-Pierre Theubet a défendu, sans succès malheureusement, le soutien à la création artistique par le biais d’un soutien à un laboratoire d’art contemporain appelé « Andata e Ritorno » (voir ICI), laboratoire promotionnel pour jeunes artistes et artistes peu connus, depuis 1981, avec plus de trois cents expositions à son actif. De son côté, Mme Laurence Corpataux a dénoncé le manque criant de « travailleur.euses sociaux.ales hors-mur (TSHM) » demandé par les habitant.e.s des Pâquis et surtout des Charmilles où la mort d’un jeune dans le cadre d’un règlement de compte avait marqué le quartier. Rien à faire, les 4 postes supplémentaires de TSHM sont balayés par la droite à commencer par le parti dit « de la famille », le PDC, qui a pris des positions discutables en faveur des familles à revenu modeste. Un autre exemple en la matière, défendu par notre Cheffe de Groupe, Mme Delphine Wuest, a été la subvention pour que les restaurants scolaires adoptent une politique alimentaire responsable en appuyant la fourniture d’aliment bio de saison et de la région. Mais là aussi, toute la droite le balaie sans discussion. A noter également, le refus d’une subvention pour la Fondation « Partage » qui « collecte et trie les invendus des commerces et entreprises alimentaires genevois pour les distribuer gratuitement aux associations et services sociaux qui aident et nourrissent les personnes en difficulté de Genève » (voir ICI). Il s’agissait, dans une logique d’urgence climatique encore une fois, de mettre en place une central d’achat pour cette Fondation afin qu’elle rationnalise ses collectes et ses distributions de nourriture sans polluer inutilement. Finissons les nouvelles mitigées et par une faible augmentation du budget alloué à la solidarité internationale de 500’000 francs portant le total à 6,9 millions de francs (voir ICI), soit 0,575 % à peu près, encore lo
in du taux de solidarité de 0,7% fixé par les Nations Unies et initié par le Club de Rome dans les années 70’. Rappelons que l’aide au développement n’a rien d’une charité, elle vient répondre, entre autres, aux émissions de gaz émis par la Suisse à l’étranger, 76 millions de tonnes, soit 2/3 de l’emprunte carbone totale du pays.
Je me permets de terminer ce billet par une note positive et un combat qui tient au cœur des Vert.e.s, il s’agit des luttes contre toutes les discriminations et les racismes. Ainsi, nous avons pu obtenir une augmentation de subvention pour la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) qui organise, pour les classes de notre Ville, des voyages à Auschwitz et des conférences/dialogues avec des victimes de la Shoah dont l’utilité publique sont notoirement reconnues. Une augmentation a aussi été décidée pour la librairie l’Olivier – l’Institut des cultures arabes et méditerranéennes (ICAM) qui lutte contre le racisme anti-arabe et anti-musulman.e.s par le biais de nombreuses activités citoyennes et culturelles. Pour terminer, c’est une nouvelle subvention qui a été arrachée par les Vert.e.s pour un « Fonds prévention et lutte contre le racisme anti-noir.e.s » à hauteur de 50’000 francs venant répondre au rapport 2018 alarmant du Centre d’Ecoute contre le Racisme de Genève (lui aussi soutenu financièrement par la Ville). Ce sont en effet, plus de 50% des incidents racistes rapportés qui concernent des personnes de couleur dans notre canton et 29% concernant le racisme anti-arabe et anti-musulman.e.s. Toujours sur cette note positive, les Vert.e.s se sont aussi mobilisées pour le maintien de la subvention de la Ville au Festival International du Film Oriental (FIFOG) contestée par le Conseil administratif. L’ensemble de l’Alternative s’est aussi battu pour sauver l’association « Viol-secours » qui fait un travail ô combien important dans les violences faites aux femmes. Depuis plus de 30 ans, Viol-secours accompagne les femmes ayant vécu des violences sexuelles. Viol-secours offre aide et soutien à toutes les femmes, personnes trans* et intersexes dès l’âge de 16 ans, indépendamment de leur sexualité et de leur statut légal (voir ICI).
En conclusion, avec 21 millions de déficit (maquillés grâce à un subvention cantonale), la droite a déjà prévenu que 2020 serait l’exception. RFFA se faisant, le PDC, le PLR, l’UDC et le MCG veulent d’ores et déjà « maitriser les dépenses » pour 2021. En d’autres mots, une logique similaire à celle qui s’est appliquée au Grand conseil du canton, couper dans les dépenses publiques, réduire les services publics et dénoncer « le train de vie de l’Etat » sans être capable de justifier ses soi-disant dépenses abusives et de définir en quoi « CEVA ou bien ». Se servir de la dette et du frein à l’endettement pour justifier les coupes budgétaires est une logique libérale voulue par la droite qui a déjà fait ses preuves. Les Vert.e.s ont toujours insisté sur le besoin impératif de justice climatique et sociale. Refuser un « new green deal », repousser la transition écologique et les investissements massifs indispensables, se traduit de fait par l’appauvrissement de la population et l’accroissement des coûts de la santé en Suisse, la pollution coutant quelques 6,5 milliards de francs par an (voir ICI). La Ville de Genève gère ses finances et sa dette de manière exemplaire, se plaçant au 3ème rang national des villes les mieux gérées de Suisse selon l’Institut des hautes études en administration publique (IDHEAP, voir ICI), et c’est pour cette raison que nous ne pouvons menacer les prestations publiques par le remboursement de ladite dette. Plus que du « mi-raisin, mi-raisin », l’urgence climatique n’est ni figue, ni raisin, elle est même de taille pastèque tant elle n’attend pas. Les Vert.e.s auront besoin de votre aide en mars 2020 pour une Ville de Genève qui passera de la parole aux actes, une Ville d’écologie, de proximité et de bien-être. Nos candidat.e.s au Conseil administratif, Mme Frédérique Perler et M. Alfonso Gomez, porteront, si vous le voulez bien, votre voix pour notre climat. Comment ne pas conclure ces discussions budgétaires sans aborder un projet aussi incohérent que ce budget, il s’agit du parking privé de Clé de Rive. Un méga projet de parking en centre-ville de 500 places qui vaut 34 millions de francs grâce à l’octroie d’une concession de 65 ans à une société privée dont les actionnaires ne sont toujours pas connus. Un parking hors norme en l’échange d’une misérable zone piétonne d’une seule rue. Aidez-nous à verdir la Ville de Genève et ses budgets en soutenant d’une part les Liste n°1 (Conseil administratif) et Liste n°5 (Conseil municipal) lors des élections municipales 2020 en mars prochain ains qu’en soutenant le référendum de l’Alternative et de la société civile contre le projet de Clé de Rive ;
#NousSommesVertes
#Budget2020VdG
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