Par Anna Barseghian et Delphine Wuest

 On démarre le premier jour de cette nouvelle année 2021 avec les renvois directs, dont plusieurs textes concernent des rénovations de fond pour le Muséum d’Histoire naturelle et une proposition vise à réaménager en zone piétonne la place de la synagogue (enfin ! on l’attendait depuis des années) : les derniers recours des opposants ayant échoués, elle sera étudiée en commission de l’aménagement.

On s’attaque ensuite aux questions orales, dont une partie est liée à la pandémie, bien sûr.  A notre conseiller municipal Yves Herren qui s’inquiétait d’un éventuel manque d’équipement en masques et gel désinfectant pour les foyers les plus précaires, on a répondu que la Ville mettait à disposition gel et masques dans de nombreux lieux d’informations, d’hébergement, dans des structures d’accueil, ainsi qu’à la salle communale de Plainpalais ; les travailleurs sociaux hors mur (TSHM) en distribuent également dans la rue et les colis du cœur en envoient régulièrement aux ménages bénéficiaires. Répondant à Ana Barciela, Madame Christina Kitsos, magistrate en charge du social, a reconnu que le Covid a pour effet d’augmenter les inégalités chez les jeunes. Elle a énuméré les actions visant à prévenir la rupture sociale des jeunes, actions habituelles ou exceptionnelles : avec la mobilisation plus intense du service jeunesse de la Ville en collaboration avec le canton, l’OFSP et Bab-Via pour que les jeunes se raccrochent à une formation,  avec une présence renforcée des TSHM et la réorientation de l’association Nuit blanche (qui est active habituellement durant les événements festifs), et une communication auprès des jeunes via une page Instagram dédiée notamment. 

A une question sur un abattage d’arbres au Petit-Saconnex, notre magistrat vert Alfonso Gomez a répondu que ceux qui sont sur des parcelles privées (c’est le cas ici) ne sont pas du ressort de la Ville ; il suggère cependant que les privés et le canton aient les mêmes pratiques de communication autour des arbres, à savoir annoncer à l’avance un abattage en en précisant la raison (qui devrait rester exceptionnelle et liée à des questions de sécurité) et indiquant le projet de replantations futures. 

A un conseiller municipal du MCG qui souhaitait grignoter de l’espace piéton devant la gare CEVA des Eaux-Vives pour y remettre des voitures (juste de quoi y faire demi-tour), notre magistrate verte Frédérique Perler lui a répondu fermement que cet espace était réservé aux mobilités douces (piétons, vélos et TPG), et le resterait. Enfin, une conseillère municipale socialiste a demandé que l’accès au Manège (nouveau projet de quartier  qui termine son chantier en Vieille Ville) soit sécurisé.  Frédérique Perler a répondu que le périmètre du Manège (qui accueillera crèche, maison de quartier, ludothèque Seniors et restaurant scolaire) sera révisé et la mobilité douce privilégiée, notamment en piétonnisant la rue Colladon et en déplaçant la borne d’accès à la Vieille Ville à l’entrée juste avant le passage sous la rue de la Croix-Rouge (les bornes nécessiteront également moins de réparation à cet endroit).

 

Toutes les urgences présentées ce mardi sont acceptées, elles seront donc rediscutées le lendemain.

Le Conseil Administratif avait aussi ses urgences : lancer les travaux sur la machinerie du Grand Théâtre et l’augmentation du budget des bons de soutien aux commerçant.e.s.   Sur le Grand Théâtre, le Maire Sami Kanaan a expliqué que l’on savait déjà à l’époque des derniers travaux que la machinerie allait nécessiter une lourde rénovation, il aurait pourtant été difficile de tout faire en même temps.  En effet, l’Opéra des nations était certes majestueux, mais coûtait cher.  Ayant repris ses quartiers à la place Neuve, le Grand Théâtre ne refermera pas complètement le temps des travaux, certaines saisons seront légèrement raccourcies.  Le plénum accepte de renvoyer cette proposition à la commission des travaux à une large majorité.

Celle d’augmenter le nombre de bons à la population en soutien aux commerces de proximité a été votée sur le siège à l’unanimité !  Alfonso Gomez, notre magistrat en charge des finances, en a profité pour répondre sur quelques points.  Certain.e.s avaient notamment critiqué le fait que des grandes enseignes puissent bénéficier des bons.  Il en a résulté que les personnes qui avaient fait leurs achats dans ces grands magasins avec un bon de solidarité, avaient également acheté des bons à destination d’autres commerces ; les grands ont ici aidé les petits. 

La soirée s’est terminée sur la PRD-284, concernant l’ouverture d’un crédit exceptionnel de 20 millions à fond perdu pour aider les entreprises dans le contexte du Covid, via la Fondetec.  Comme l’a relevé notre conseiller municipal Omar Azzabi, président de la commission des finances, le travail a été fait dans l’urgence, avec beaucoup de sérieux, les acteurs principaux ayant été auditionnés.  Si tous les partis se sont rassemblés autour de cette proposition, des divergences ont pointé sur les critères d’octroi.  C’est ainsi que, malgré un vote à l’unanimité en commission, différents partis ont annoncé des amendements dans le but de revoir ces critères.  Alfonso Gomez, conseiller administratif en charge des finances, a également proposé un amendement général reprenant des critères importants qui avaient été écartés en les reformulant, comme les questions de RHT (lorsque l’on en touche, ne pas licencier et payer ses employées à 100%) ou de surendettement, l’investissement éthique et un engagement visant à la diminution de son empreinte carbone, et la non distribution de dividendes.  Sur ce dernier point, un amendement UDC plus contraignant est également passé.  C’est mercredi, à la reprise des débats, que la proposition sera finalement votée et entérinée à l’unanimité.

 

Le deuxième jour du conseil municipal a été consacré principalement aux urgences, notamment en lien avec le contexte du COVID-19. La motion M-1588 « Pour des solutions ponctuelles de relogement pour une partie des sans-abris dans les hôtels vides en Ville de Genève » a suscité un vif débat. Pour le MCG, c’est une affaire « gagnant-gagnant ». Les Vert.e.s partagent bien entendu cette préoccupation, mais trouvent le texte inutile parce que les discussions sont déjà en cours, tant au niveau du CA qu’en Commission sociale (notamment en lien avec les PRD-253, PRD-254 et R-255) ; nous considérons ainsi que le MCG surfe sur une vague déjà lancée, tandis que pour le groupe socialiste, cette motion instrumentalise les sans-abris pour remplir les hôtels avec le soutien de la Ville. L’UDC, par contre, a combattu cette proposition avec des arguments particulièrement douteux, contestant l’idée d’inviter « cette population » dans les hôtels, sous-entendant qu’ils provoqueraient des dégradations. Heureusement Christina Kitsos est intervenue, expliquant que la prise en charge dans les hôtels n’est pas la même que dans les associations avec des assistants sociaux sur place. Si la situation est urgente, les Vert.e.s ont refusé l’entrée en matière pour pas retarder le travail déjà engagé en commission.

Le groupe socialiste a proposé avec un sentiment d’indignation la résolution urgente (R-274) « Soutien de la Ville de Genève aux restaurateurs et aux milieux culturels, sportifs et de loisirs en temps de Covid-19 », demandant à la Ville de faire pression sur la Confédération pour renforcer les aides à ces secteurs d’activité, que ce soit par son action propre ou par la Banque nationale suisse. A la mi-septembre 2020, la Suisse a accordé une aide d’urgence liée au coronavirus s’élevant à 4,8% de son PIB, contre 8,3% en Allemagne, plus de 11% au Japon et aux Etats-Unis et 16,1% à Singapour. On doit aussi relever les bénéfices faramineux de la BNS, la lenteur et l’insuffisance des aides d’urgence fédérales, ainsi que les réserves absurdes des caisses maladie. Le  PLR s’est interrogé sur la pertinence des revendications, tandis que l’UDC et le MCG les qualifiaient d’inutile et presque délirantes dans la mesure où l’on était bien au-delà des compétences de la Ville. Pourtant, comme l’a relevé Sami Kanaan, à l’époque ce ne fut pas délirant de débloquer 10 milliards de francs pour sauver l’UBS. Les Vert.e.s, par la voix d’Alfonso Gomez, se sont étonné.e.s que la Ville doive hurler à la Confédération pour faire ce qui est dans ses compétences. La résolution a été votée sur le siège et renvoyée au CA.

La motion M-1564 des Vert.e.s « Libérer le mail central de la rue Dancet et créer un parc public » était bienvenue dans les urgences. D’une part, les citoyen.ne.s du Canton ont largement accepté (à 58.5%, 43 communes sur 45) en septembre 2020 la réforme qui prévoit la suppression de 4’000 places de parking en surface et, d’autre part, nous sommes à la veille du référendum sur le parking Clé de Rive qui s’inscrit dans la continuité logique de nos engagements. Parmi les arguments de Philippe de Rougemont, on peut citer le besoin de créer des îlots de fraîcheur à Genève, et celui pour les arbres d’évoluer dans un environnement perméable sans véhicules parqués sur leurs racines. La proposition reçoit un accueil très positif : la gauche souligne notamment l’importance des espaces vert dans l’expérience du Covid.  Le PLR craint un manque d’accessibilité des lieux et que la qualité de vie soit dégradée, le PDC demande le renvoi en commission au prétexte qu’ « il n’y a[urait] pas d’urgence ». On se demande s’ils vivent sur la même planète ou si ce sont juste des Roméos qui défendent l’Alfa au mépris de toutes les conditions de vie. Frédérique Perler accueille le projet avec enthousiasme et annonce qu’il sera mis à l’étude. La proposition est renvoyée en Commission de l’aménagement et de l’environnement à l’unanimité (moins trois abstentions).

L’urgence suivante, la motion 1589 de l’UDC « Un coup de main bienvenu ! Levons les contrôles de stationnement pour les véhicules d’entreprises et d’artisans », voulait apporter des changements dans la convention de la Fondation des parkings et la Ville de Genève pour les véhicules d’entreprises. Les Vert.e.s ont pensé qu’on pouvait y réfléchir, mais par la voix de Delphine Wuest, nous avons proposé que les artisan.ne.s et PME soient encouragés à développer l’usage du vélo-cargo, qui commence à se développer dans de plus en plus de métiers. Cette motion de l’UDC a été renvoyée à la CSDOMIC pour étude.

La Résolution 275 d’Ensemble à Gauche « De la nécessité de pouvoir concilier ses engagements politiques avec sa vie familiale et professionnelle » a été aussi renvoyée à la Commission du Règlement malgré le refus du PLR, du PDC et du MCG qui ont trouvé que la collectivité consacre déjà de l’argent à la garde des enfants et que les démissions sont plutôt liées aux difficultés relationnelles ainsi qu’à un manque de compétence dans les matières. Au Conseil municipal, il y a encore un travail énorme à faire pour amener la compréhension de l’écologie relationnelle au centre des réflexions. C’est sur cette avant-dernière urgence que la séance se termine à quelques minutes de 23h !