Chères Vertes, Chers Verts,

Comme vous le savez, la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida a lieu chaque 1er décembre. Sur invitation de la maire Anne Hidalgo, je me suis rendue lundi à l’Hôtel de Ville de Paris pour représenter le Conseil administratif de la Ville de Genève. J’ai eu le plaisir de signer La Déclaration de Paris, élaborée par Anne Hidalgo, le Directeur exécutif d’Onusida Michel Sidibé, ainsi que d’autres partenaires associatifs.

Le texte vise à atteindre les objectifs 90-90-90 d’ici à 2020 : 90% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique ; 90% des personnes qui connaissent leur séropositivité reçoivent des traitements antirétroviraux ; 90% des personnes sous traitements antirétroviraux ont une charge virale indétectable. En 2030 selon l’OMS, une réelle opportunité de mettre fin à l’épidémie de sida dans le monde se dessine.

Nous nous trouvons à un moment clé de la lutte contre l’épidémie. Aujourd’hui, avoir des relations sexuelles sans préservatif n’équivaut plus nécessairement à prendre un risque pour le VIH. Face au sida, les antirétroviraux ont fait la preuve de leur efficacité depuis 1996. Restait à prouver leur intérêt pour la prévention, et c’est chose grâce au «prophylaxie pré-exposition» (Prep), un traitement qui était à l’étude en Europe et au Canada.

Nous ne devons pas baisser la garde pour autant. En France, le nombre de séropositifs ignorant leur contamination reste inchangé à 30 000. Et les nouvelles infections continuent d’augmenter dans les communautés gay. Avec la crise économique globale, les efforts financiers ont marqué le pas, compromettant l’accès aux traitements pour des millions de personnes dans les pays du Sud. Au Nord, les réformes néolibérales des systèmes de santé fragilisent l’accès aux soins et à la prévention.

Or nous l’avons vu, la palette des outils de prévention est donc plus étendue que jamais : préservatifs, traitements, dépistages et pratiques à moindre risque. La manière de penser la prévention s’en trouve bouleversée. En tant qu’élu-e-s de villes, notre proximité avec les citoyen-ne-s doit nous amener à jouer un rôle nouveau et majeur pour accélérer la mise en oeuvre des objectifs 90-90-90.

Premièrement, il nous faut dénoncer la criminalisation de la transmission, qui relève de l’idéologie : le libre choix de l’outil de prévention tend à faire peser la responsabilité du risque sur les individus, et en particulier sur les séropositifs.

Ensuite, il faut porter le débat de société autour de ces nouvelles options de la gestion du risque et faire adopter petit à petit ce changement culturel. Les freins sont nombreux dans notre pays : suite au lancement de la campagne d’affichage Love life, des UDC notamment ont demandé l’arrêt immédiat de l’exercice, sous peine de ruiner les efforts de nombreux parents et enseignants pour éduquer les jeunes, moraliser leur comportement, leur enseigner la tempérance sexuelle et la prudence en matière de texto pornographie. Sans compter que tout cela est financé par l’argent du contribuable, ce qui a amené le parti agrarien à proposer purement et simplement la fin des deux millions d’aide à la prévention contre l’épidémie au budget 2015 de la Confédération… 

Le dernier défi est politique, car le VIH reste un révélateur puissant des inégalités sociales. Selon Onusida, l’épidémie frappe de manière disproportionnée des populations déjà marginalisées et/ou opprimées : les trans, les gays, les travailleuses du sexe, les prisonniers, les migrants et les usagers de drogue. Nous parlons ici de droits humains et de justice sociale, des préoccupations qui sont au cœur du programme de législature 2015-2020 de notre section.

C’est donc le moment ou jamais pour les villes de donner de la voix.  Les réseaux mondiaux (exemple :l’Aliance Mondiale des Villes contre la Pauvreté), nationaux (Union des villes suisses) et locaux (la Communauté de communes urbaines au sujet du PAV) démontrent l’importance grandissante des villes comme échelon de la proximité face aux grands enjeux de société. Je m’engage résolument à porter celle de la Ville de Genève dans toutes les politiques publiques où son rôle est déterminant.

Solidairement vôtre,

Esther Alder

Les actualités de mon Département et les miennes sur ma page facebook (www.facebook.com/estheralder-solidaire