Hébergement d’urgence – Le devoir d’agir toute l’année
Chères Vertes, Chers Verts,
Ça ne vous aura pas échappé, la Ville a activé son Plan « Grand froid » depuis vendredi passé, compte tenu des températures glaciales annoncées. Celui-ci est établi en concertation avec les principaux partenaires, publics et associatifs, afin de proposer un hébergement d’urgence à toutes les personnes présentes sur le territoire municipal.
308 places ont été mises à disposition dès vendredi dans les différents abris. Le dispositif Ville est complété par l’Armée du Salut qui gère un abri spécifique pour les familles, aux Pâquis. Depuis samedi soir cependant, et comme vous avez pu le lire dans la presse, l’abri PCi des Franchises a ouvert ses portes pour mettre au chaud les personnes qui ne pouvaient plus entrer dans le dispositif prévu. Et depuis hier soir, un abri est ouvert à la rue de l’Encyclopédie. A ce jour, nous sommes à 370 places.
Le Service social peut compter sur l’appui de la protection civile du Service d’incendie et de secours de la Ville de Genève afin de doubler sa tournée nocturne. Ainsi, un second véhicule sillonne les rues tous les soirs de 21h à 1h. Au cours du week-end, 50 lieux ont été visités, 57 personnes ont été rencontrées et 17 ramenées au chaud, dans un abri. Le Club social rive gauche, qui propose des petits déjeuners, des repas de midi et un accueil libre, élargit ses horaires.
Les partenaires du réseau d’accueil d’urgence (CARE, Bateau Genève ou encore Espace solidaire Pâquis) proposent également des ouvertures prolongées afin que les personnes puissent se protéger du froid. Nous recommandons enfin l’usage du 144 pour signaler la présence d’une personne en danger en raison du froid.
Qu’adviendra-t-il lorsque ces quelques jours de grand froid seront passés ? Que se passera-t-il lorsque les abris fermeront, le 3 avril prochain ? Rappelons-le : la rue abîme, quelle que soit la saison ! Si nous voulons réellement donner les moyens à ces personnes de rebondir, nous devons mettre à leur disposition un hébergement d’urgence à l’année, ainsi que des logement-relais et un accompagnement socsial de qualité.
Depuis 17 ans, la Ville est la seule collectivité publique à Genève à mettre à la disposition des personnes à la rue un accueil hivernal d’urgence. Après avoir étendu les prestations liées à cet accueil de manière quantitative et qualitative au cours de ces dernières années, nous faisons face à une impasse financière pour étendre cet accueil d’urgence à l’année.
Des négociations ont eu lieu entre le Canton et les communes au sujet d’un potentiel quatrième train de loi de répartition des tâches (LRT) concernant notamment l’hébergement d’urgence. Lors de l’assemblée générale de l’Association des communes genevoises (ACG) de fin décembre, les communes se sont prononcées en faveur de l’attribution d’une compétence exclusive au Canton en matière d’hébergement d’urgence ; dans son avant-projet initial, le Canton, quant à lui, souhaitait attribuer une compétence exclusive aux communes…
Nous avons également demandé au Fonds intercommunal (FI) une subvention à hauteur d’un million de francs pour 2018, afin de couvrir cette période de transition avant d’obtenir un financement plus pérenne lié à la LRT. Le Conseil du FI n’a pas encore statué sur cette demande.
Enfin, l’hébergement d’urgence fait l’objet de discussions politiques dans un autre cadre. Le Conseil d’Etat a validé récemment une Feuille de route et un Plan d’action, en lien avec son rapport sur la pauvreté, qui traitent notamment de cette question.
De même, du côté des partenaires associatifs avec lesquels nous entretenons un dialogue constant, des solutions sont en train de voir le jour, à court, comme à moyen et long terme. Idem pour la Ville, qui verra les logements-relais de Fort-Barreau se concrétiser l’hiver prochain, tandis que nous travaillons notamment sur le programme d’habitation du futur immeuble de la rue de Saint-Jean 43 & 45.
Le Conseil administratif s’est fixé un objectif ambitieux « 0 sans abri » d’ici à la fin de la législature. Ce terme de zéro sans-abri n’est pas un vain mot et, s’il est ambitieux, il fait écho à un devoir humanitaire d’agir et de trouver des solutions, inscrit dans les Constitutions fédérale et cantonale. Répétons à l’envi le préambule de la Constitution fédérale : « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ».
Je souhaite qu’il guide notre action, à nous toutes et tous.
Solidairement vôtre,
Esther Alder
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