Par Esther Alder, Maire de Genève

Chères Vertes, Chers Verts,

Journée internationale du droit des femmes, le 8 mars fut pour moi l’occasion de rencontrer des femmes passionnantes – et quelques hommes – à l’occasion de la troisième « Rencontre improbable » de mon année de mairie. Pour introduire le thème du harcèlement de rue, nous avons projeté « Je suis le machisme ordinaire », de Fabrice Rouillat. Ce court-métrage pour le moins percutant nous a été proposé par Isabelle Gattiker, Directrice du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) et présente parmi les convives.

La veille au FIFDH, j’ouvrais la soirée du lundi 7 mars consacrée au documentaire « L’homme qui répare les femmes », de Thierry Michel. C’était un immense honneur pour moi de rencontrer le le docteur Mukwege, militant des droits humains qui « répare » les femmes violées à l’Est de la République Démocratique du Congo.

Voici le discours que j’ai prononcé à cette occasion :

Excellences,

Madame l’ancienne Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU,

Madame la Directrice du Festival du film et forum international sur les droits humains,

Monsieur le Directeur général de la Comédie de Genève,

Mesdames et Messieurs les représentants de l’Organisation internationale de la Francophonie,

Mesdames et Messieurs les représentants de la Fédération Wallonie-Bruxelles International,

Mesdames et Messieurs les représentants du Service international pour les droits de l’homme,

Monsieur Denis MUKWEGE,

Monsieur Thierry MICHEL,

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureuse d’être parmi vous ce soir et de vous transmettre les salutations des autorités de la Ville de Genève.

L’un des nombreux mérites du film de Thierry Michel sur le travail du docteur Denis MUKWEGE, L’homme qui répare les femmes, est de nous rappeler une réalité encore trop souvent occultée, voire ignorée.

Depuis toujours, les femmes sont confrontées à la violence en raison de leur sexe.

Et depuis toujours, elles sont aussi confrontées à la banalisation de cette violence.

L’histoire nous montre que dans le monde entier, le corps des femmes a été considéré et est toujours considéré comme un lieu de bataille et de conflit.

Le viol est une arme de guerre redoutable, un instrument de torture qui anéantit les victimes et les met au ban de la société.

Ce terrorisme sexuel est souvent couvert par le silence et l’impunité.

Les instruments juridiques qui imposent aux Etats de protéger les femmes  contre les violences sexuelles existent pourtant.

Je pense à la troisième et à la quatrième Convention de Genève de 1949.

Je pense aux Protocoles additionnels I et II de 1977.

Je pense aussi aux diverses résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a qualifié en 2008 les violences sexuelles de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.

Malgré tout, un grand nombre de crimes restent impunis, et cela dans l’indifférence de la communauté internationale.

Les Tribunaux internationaux peinent à produire des actes d’accusation pour violences sexuelles.

Le plus souvent, les violeurs sont jugés par des tribunaux locaux, et dans de nombreux pays, le viol est considéré comme un délit mineur.

Vous le savez, les instruments juridiques sont inopérants quand la volonté politique manque.

Et force est de constater que la criminalisation des violences sexuelles n’est pas une priorité pour une majorité d’Etats.

Seul un travail de fond permettra un changement d’attitude à l’égard des sévices sexuels infligés aux femmes.

Il faut surtout déplacer le poids de la stigmatisation vers les criminels.

Aujourd’hui, ce poids est encore porté par les victimes, qui subissent ainsi une double humiliation.

Il faut mettre fin à ce scandale.

Les médias, la société civile et les ONG ont un rôle essentiel à jouer.

Le film que nous allons voir ce soir représente à cet égard un pas essentiel dans ce sens.

Je tiens donc à remercier chaleureusement le réalisateur de ce film, Monsieur Thierry Michel, ainsi que son acteur principal, le Docteur Denis MUKWEGE, qui fait un travail extraordinaire en faveur des femmes victimes d’agressions sexuelles.

Je tiens aussi à remercier le Festival du film et forum international sur les droits humains et sa directrice, Madame Isabelle Gattiker, pour tout le travail de sensibilisation que le FIFDH accomplit maintenant depuis de nombreuses années.

Je vous remercie pour votre attention, et je vous souhaite une excellente soirée.

 

Solidairement vôtre,

Esther Alder

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