Vous vous souvenez. C’était durant la campagne pour les élections municipales au printemps 2011.

Je m’étais lancée dans la course au Conseil administratif et j’avais proposé d’appuyer notamment notre campagne, sur une pétition pour du logement d’urgence. Nous voulions développer du logement relais, pour des personnes en transition avec des besoins spécifiques, que cela soit sous forme modulaire ou dans du logement pérenne. Nous avions recueilli en peu de temps plus de 500 signatures, car la crise du logement est telle à Genève que l’immense majorité de la population est consciente de la nécessité que nous avons aujourd’hui à faire feu de tout bois, pour trouver des solutions rapides et adaptées.

En attendant d’avancer des propositions concrètes en matière logement modulaire, dont le projet est actuellement à l’étude, j’ai proposé d’emblée que nous achetions la maison située au 45 Saint-Jean et que nous la transformions en logement relais pour des jeunes.

Merci au Groupe Vert au Municipal et en particulier à Frédérique Perler, à Marie-Theubet, à Matthias Buschbeck, à Anne Moratti Jung et à Guillaume Kaeser d’avoir soutenu cet objet avec conviction et détermination en demandant un traitement en urgence (pour ne pas laisser passer le délai de la promesse de vente) et en défendant ma proposition sur le fond.

Ceux qui avaient suivi ce dossier se souviennent que le 24 novembre 2010, le Conseil administratif avait accepté, sur proposition de mon prédécesseur Manuel Tornare, une demande d’acquisition du 45 rue de St-Jean, dans le but d’y héberger « un hôtel social » pour SDF. Dès mon arrivée au CA, j’ai proposé de réorienter l’affectation de cet immeuble en « logements relais ». Pourquoi ?

La question des grands précaires est bien sûr très préoccupante, mais elle doit être réglée d’une autre manière. J’ai travaillé assez longtemps dans ce domaine spécifique de la précarité pour être certaine de mon opinion.

Chaque personne en grande précarité connaît une problématique sociale très particulière et des solutions spécifiques au cas par cas doivent donc être imaginées. Ainsi, vouloir réunir toutes ces personnes au même endroit est une « fausse bonne idée ». D’ailleurs, dès l’annonce de ce projet par mon prédécesseur Manuel Tornare, des oppositions virulentes au projet, m’avaient amenée à rassurer les habitants sur mes intentions en matière de logement.

Je suis convaincue qu’il ne faut pas concentrer une population en grande difficulté en un seul lieu ; je suis persuadée que la mixité en matière de logement et aussi dans le traitement des problématiques sociales aiguës est une des solutions.

Comme vous le savez, j’ai à cœur de m’atteler avec détermination à la question de l’Urgence sociale en matière de logement et j’ai fait engager en début d’année une Cheffe de projet dans l’objectif d’établir un diagnostic et un état des besoins en matière de logement relais, en concertation avec les différents acteurs (Canton, associations, services municipaux compétents, régies, etc.).

Le diagnostic a révélé un manque de logements préoccupant pour les jeunes adultes de 18 à 25 ans, notamment ceux qui sont en formation non universitaire, en recherche d’emploi et à faible revenu : il manque environ 400 logements sur le Canton pour cette population, qui souffre particulièrement de la crise du logement. Le 45, Saint-Jean sera donc réaménagé pour eux. C’est ce projet que j’ai présenté et qui a été accepté en commission

Il s’agit donc de faire de cet immeuble une maison communautaire avec environ 15 chambres individuelles à destination de jeunes en formation non-universitaire (apprentis, étudiants HES, école de culture générale et stagiaires), en recherche d’emploi et à faible revenu. Des chambres pourraient être mises à disposition de jeunes suivis par l’antenne d’insertion VIA. Le rez-de-chaussée, pourrait être réservé à des activités pour la jeunesse sous la supervision du service de la jeunesse. Il s’agit d’un projet global qui permet de les accompagner.

J’étudie actuellement la possibilité de remettre la gestion de ce lieu à une fondation de droit public, comme la FOJ, par exemple, qui gère déjà deux structures similaires, avec mission de collaborer avec le service de la jeunesse, le service social l’association VIA et Inforjeunes.

Avec ce projet, j’ai posé la première pierre de ma politique en matière d’urgence ! D’autres suivront et je ne manquerai pas de vous en tenir informé-e-s. J’accueille bien entendu très volontiers vos suggestions et recommandations dans le domaine et vous en remercie par avance.

Esther Alder
Conseillère administrative
Ville de Genève