Les Assises de la précarité qui se sont déroulées jeudi et vendredi passés ont été particulièrement enrichissantes. Les participants ont identifié cinq problématiques: la montée des inégalités, la précarisation de l’emploi, l’augmentation des migrations, la saturation des services sociaux, et enfin le désarroi de la population qui se traduit, chez une partie de la population, par un repli sur soi, un besoin sécuritaire et une montée de l’intolérance. Chacune de ces problématiques a fait l’objet d’un travail en atelier et leur synthèse sera étudiée par mes services.

Je suis heureuse qu’autant d’acteurs et de personnalités se soient impliqués dans cette entreprise. C’est un succès en soit, car cela montre que la précarité est prise au sérieux. On ne se résout pas à la laisser s’aggraver et un réel effort est à l’œuvre pour l’endiguer.

Grâce aux Assises, certaines politiques ont été confirmées. Ainsi, comme l’a relevé Martine Kurth (Secrétaire générale chez ARTIAS-Association romande et tessinoise des institutions d’action sociale), les risques de pauvreté sont concentrés au niveau du travail et de la famille. En effet, travailler sans pouvoir vivre de son salaire, se retrouver au chômage, vivre un divorce, une maladie, élever ses enfants seul-e, sont autant de circonstances à risque ou aggravantes. Et les enfants payent à chaque fois un lourd tribut.

Bien consciente de ce problème, la ville de Genève a fait du soutien à la parentalité une politique prioritaire. 550 places de crèche seront bel et bien créées entre 2013 et 2015. C’est 2,5 fois plus de créations par année qu’entre 2004 et 2012 (180 contre 70 créations par année). 300 places ont été ouvertes dans les restaurants scolaires ces deux dernières années. Les conditions d’accueil péri- et para-scolaires ont été améliorées et l’allocation rentrée scolaire est un véritable succès.

Comme l’a souligné Philippe Warin (Directeur de recherche au CNRS, Grenoble), le non-recours est un autre sujet d’inquiétude. En effet, les personnes qui ont besoin des aides existantes ne font trop souvent pas les démarches pour les recevoir. Le non-recours est un véritable obstacle aux politiques sociales de la Ville et je compte beaucoup sur les Points info-services pour faciliter l’accès à l’information des populations les plus fragilisées.

D’autres conclusions de ces Assises confortent ma politique et m’incitent à aller plus loin: observatoire du social et de la santé, logements relais et modulaires, hébergement hivernal, accès à l’hygiène et à la santé. À l’heure où les grands froids se rapprochent, ces propositions apparaissent de plus en plus comme des évidences et je mobiliserai les élus de tous bords pour conserver et renforcer les moyens dévolus à la lutte contre la précarité.

Mais c’est grâce à une collaboration soutenue avec les acteurs sociaux et un constant travail de lobby de leur part que je pourrai le mieux me faire le relais des besoins auprès du Canton et des autres communes. Les Assises ont été le début d’un processus et je souhaite vivement que d’autres rencontres voient le jour, car des personnes attendent.

La précarité, tout le monde est concerné.

Vertes amitiés,

Esther Alder
Conseillère administrative Ville de Genève