Le 28 novembre, nous voterons sur une loi qui veut pérenniser l’ouverture des commerces trois dimanches par année (en ajoutant le 31 décembre) sans convention collective de travail (CCT), tout en autorisant une ouverture jusqu’à 19 h le samedi. Un serpent de mer qui revient régulièrement et qui pose toujours la même question: pour qui, et pourquoi, devrait-on augmenter les horaires destinés à la consommation?
Alors qu’une reprise de l’activité économique est en vue dans notre canton, le «monde d’après» visant à questionner et repenser notre modèle économique a encore du mal à émerger. Et la LHOM (loi sur les heures d’ouverture des magasins) est justement l’exemple parfait d’anciennes recettes qui ne répondent pas à ces défis.
D’abord, alors que durant la crise, une partie du personnel de vente était au front dans les magasins dits «essentiels», un nombre important d’employé·e·s dans le commerce ont vu leur salaire diminuer de 20% en raison de la réduction de l’horaire de travail (RHT). Si une reprise économique se dessine, il ne fait donc aucun sens de demander à ce même personnel d’être davantage disponible, flexible et productif. Les efforts ont déjà été réalisés.
Ensuite, voter non à la LHOM, c’est refuser une nouvelle péjoration des conditions de travail pour un personnel qui touche des salaires bas et pour qui les horaires de travail et jours de congé sont aléatoires. Refuser cette loi qui veut allonger les ouvertures jusqu’à 19 h le samedi, c’est aussi garantir un minimum de vie familiale et d’activités sociales pour un personnel – majoritairement féminin – qui rentrerait chez lui trop tard pour un samedi soir. Car oui, derrière cette extension de l’horaire professionnel se cache bien une dégradation de la vie personnelle.
Enfin, dans leur argumentaire, les soutiens à cette loi mettent en avant la possibilité de concurrencer la vente en ligne, ainsi que les achats frontaliers. Or, ce commerce n’est pas le résultat d’une simple question d’horaires, il est davantage lié à une problématique de pouvoir d’achat, de disponibilité des produits ou de facilité dans les livraisons. Accroître l’amplitude des heures d’ouverture à Genève placera une pression supplémentaire sur le petit commerce et ne freinera pas ces tendances de fond, qui doivent être questionnées et résolues sous d’autres angles.
La crise sanitaire, économique et sociale du coronavirus a eu des impacts marqués sur chacune et chacun d’entre nous. Pour aller de l’avant sereinement, il apparaît comme insensé de poursuivre une logique consumériste qui met à mal les droits des travailleuses et des travailleurs, la qualité de vie personnelle et la survie de nos petits commerces.
Cette loi ne représente ni une avancée sociale, ni une adaptation à l’évolution des habitudes de consommation.
Le 28 novembre, voter non à la LHOM, c’est rappeler l’importance de la qualité de vie dans notre canton, que l’on soit du côté du personnel ou de celui de la clientèle.