La droite bourgeoise voudrait réintroduire – après une dernière tentative en 2022 – une vignette cycliste, qui coûterait 20 francs à chaque propriétaire. Une fois n’est pas coutume, je vais employer un argument qui lui est cher pour m’y opposer: «Cette taxe est inutile et contreproductive.»

D’ailleurs, même le conseiller fédéral UDC Albert Rösti est d’accord et déclarait l’année passée que «le Conseil fédéral ne voit actuellement pas la nécessité de réintroduire la vignette pour les vélos». Les accointances avec le ministre UDC s’arrêtent là, mais expliquons tout de même en quoi cette taxe est malvenue.

D’abord, faire du vélo apporte des bienfaits à la collectivité à tous points de vue: moins de pollution, moins de bruit, désengorgement du trafic motorisé ou encore amélioration de la santé des usagers, etc. On parle de milliards de francs.

Dans son dernier rapport sur les coûts et bénéfices externes des transports, l’Office fédéral du développement territorial assure même que le vélo rapporte 25 centimes par kilomètre, tandis que le transport motorisé coûte 17 centimes par kilomètre à la collectivité. Rien qu’en matière de santé, le vélo apporte 5,6 milliards de francs en bénéfices externes, soit 7 fois plus que ce qu’il coûte.

Ces bienfaits, notamment, ont conduit l’Office fédéral des routes à vouloir doubler les trajets à vélo d’ici à 2035. Tout nouvel obstacle serait contraire à cet objectif.

Alors d’où vient cette idée de réintroduire la vignette pour vélos? Les soutiens au retour de la vignette laissent entendre que les cyclistes ne paient pas pour leurs infrastructures. Or, la très grande majorité des cyclistes roulent sur des routes communales et cantonales financées par l’impôt. Sauf à croire que les cyclistes ne paient pas leur dû au fisc, cet argument relève de malhonnêteté intellectuelle.

L’autre argument des «pro-vignettes» est de dénoncer l’emprise trop importante des pistes cyclables sur les routes. Faux, selon le Conseil fédéral, qui rappelait en 2022 «qu’en définitive, tous les usagers de la route – en particulier les automobiles et les poids lourds – profitent de voies cyclables sûres et attrayantes ainsi que du désenchevêtrement du trafic qu’elles entraînent». On a souvent reproché aux militants pro-vélo d’être dogmatiques. Mais force est de constater aujourd’hui qu’il n’y a que le dogmatisme qui justifie le retour de cette taxe «inutile et contreproductive» qui, de surcroît, provoquerait une surcharge administrative disproportionnée.