Et une autre partie de ce parlement se demande sans doute pourquoi le Conseil municipal d’une commune devrait se prononcer sur un objet fédéral.

Oui, effectivement, le mariage pour toutes et tous est bien un objet de compétence fédérale, il s’agit d’une modification du code civil. Mais ce n’est pas pour autant que ce projet ne nous concerne pas. La question nous concerne d’abord, parce que la votation du mois de septembre aura un impact direct sur les droits de nombreux habitants et nombreuses habitantes de la ville de Genève. Selon un sondage récent, 6% de la population suisse se définissent comme gay, lesbienne ou bisexuel.le. Et dans une grande ville comme Genève, centre de sa région, ce pourcentage devrait être considérablement plus élevé. Donc le nombre de personnes habitant en ville de Genève touchées directement par cette loi pourrait très bien atteindre 20’000. Cette raison à elle seule doit être suffisante pour voter le soutien de notre conseil.

Mais il y a, à notre sens, un enjeu plus large. En effet, en décembre 2011, Hilary Clinton, alors ministre de affaires étrangères des Etats-Unis, a tenu un discours historique devant le Conseil des droits humains des Nations unies, ici à Genève. Le message central de son discours se résume en une phrase qui m’a beaucoup impressionnée. Elle disait en anglais : “gay rights are human rights, and human rights are gay rights”. En substance, Hilary Clinton nous rappelait la valeur universelle des droits de personnes LGBTIQ+. Car non, les droits de personnes gay, lesbiennes, bi, trans*, interesexes et queer ne sont pas un caprice des Etats occidentaux ou de la gauche. Il s’agit ici en réalité de droits fondamentaux, inaliénables et innés à toute personne. Et parmi ces droits figure, selon notre conception des droits humains, aussi le droit à la famille. Donc le droit de fonder une union familiale reconnue par l’Etat. Toute différenciation basée sur l’orientation sexuelle ou sur l’identité de genre constitue par conséquent une discrimination non justifiable. La ville de Genève, siège du Conseil des droits humains de l’ONU, ne peut pas rester indifférente face à une telle question. Elle a au contraire toute légitimité de s’exprimer et de prendre parti pour la réalisation et la reconnaissance des droits humains. Ceci est d’autant plus important que nous assistons aujourd’hui, au cœur de l’Europe, en Hongrie, à l’adoption d’une législation qui vise à effacer les personnes LGBTIQ+.

Les vertes et les verts vous demandent donc de soutenir ce texte et de le renvoyer au Conseil administratif. Ce vote aura tout son sens, à moins de 100 jours de la votation fédérale et en ce mois de juin qui est, comme l’a dit M. Dujoux hier, le mois de fiertés. Plus symbolique encore, ces 28 et 29 juin marquent l’anniversaire des émeutes de Stonewall à New York en 1969. Ce soulèvement répondait à des raids de police dont étaient victimes les ces personnes gay, lesbiennes et trans*, pour une bonne partie d’entre elles racisées. Il est considéré aujourd’hui comme le premier exemple de lutte des personnes queer pour leur droits.
Votre soutien à ce projet de mariage pour toutes et tous sera un signal fort pour les couples de même sexe qui pourront enfin se marier. Mais il enverra aussi un message d’acceptation aux jeunes ici à Genève qui sont en questionnement de leur identité, qui se cherchent. Et peut-être qu’il va même rayonner au-delà des frontières de notre cité et donner de l’espoir à celleux qui voient toujours leur droits fondamentaux bafoués.

Au nom des vertes et des verts, je vous invite donc à dire ce soir : oui, je le veux. Je vous remercie pour votre attention.