Par Valentin Dujoux, conseiller municipal

Alors que la situation sanitaire, sociale et économique se dégrade, notre Parlement municipal s’est réuni les 27 et 28 octobre dernier.

Pour commencer, la séance s’est ouverte avec un nombre important d’absent.e.s, tous partis confondus. Les mises en quarantaine et doutes ont en effet réduit le nombre d’élu.e.s présent.e.s, et questionnent à nouveau le besoin d’avoir des suppléances dans les législatifs communaux. Par ailleurs, et sans lien, Sandro Pistis, conseiller municipal MCG a fait part de sa démission et a été remplacé par Yasmine Ménétrey, conseillère municipale MCG lors de la dernière législature, et qui a prêté serment le 28 octobre à 17h30.

Lors des questions orales, les Vert.e.s ont pu rappeler leurs préoccupations, notamment en ce qui concerne les impacts écologiques de la transition numérique en Ville, la place des femmes dans l’espace public (avec une nouvelle suggestion pour une rue Grisélidis-Réal) ou l’hébergement d’urgence des personnes sans-domicile dans les hôtels genevois. Notons au passage que mercredi soir, l’Association des communes genevoises a validé un soutien de 1 million de CHF pour le sans-abrisme. Une belle victoire pour les démuni.e.s que la Ville de Genève ne peut, seule, accueillir dans des conditions décentes pérennes.

Du point de vue des urgences, la demande du PLR « Pour un dégrèvement sur la taxe professionnelle communale en Ville de Genève » n’a pas abouti, l’entrée en matière n’ayant pas été obtenue. Ici, les Vert.e.s ont rappelé que dans un contexte financier difficile, pour toutes et tous (indépendant.e.s comme Ville de Genève), la taxe professionnelle représente une rentrée d’argent indispensable afin de maintenir les prestations telles que proposées dans le projet du budget 2021.

Et puisque le coronavirus bouleverse l’actualité, et renforce nos priorités, les Vert.e.s ont pu rappeler leur soutien à l’action sociale d’urgence. Cette tâche, lourde et coûteuse (en énergie, en temps et en argent) doit ainsi être mieux partagée pour gagner en efficacité. C’est dans cette logique que le groupe des Vert.e.s a soutenu la motion M-1483 « Pour la création d’un fonds intercommunal de soutien à l’action sociale d’urgence ». Un texte accepté par 49 oui, 7 non et 9 abstentions.

Lors d’un troisième débat sans débat, nous avons également, enfin, pu refuser (par 9 oui, 54 non et 0 abstention) le PRD 213 « Débats d’idées et pas d’habits » qui visait une laïcité trop stricte pour les agent.e.s occupant des fonctions municipales.

En ce qui concerne les pétitions déposées, deux ont été renvoyées au Conseil administratif: la P-427 pour une subvention pérenne en faveur de l’association du Pavillon Cayla, et la P-423 « Oui aux nouvelles bandes cyclables », signée par 18’000 personnes. Le Conseil municipal a classé la P-409 concernant les tensions rencontrées dans les cuisines scolaires du quartier Saint-Gervais.

Au niveau des cantines scolaires, notre séance du 28 octobre a débuté autour du porc dans les assiettes des restaurants scolaires. Nous avons pu rappeler qu’en matière d’alimentation, une nourriture variée et moins carnée a des avantages multiples sur la santé, l’environnement, la souffrance animale ainsi que les coûts des repas. Alors que les traditionalistes de l’assiette ont pu dire tout le mal qu’ils et elles pensaient des menus équilibrés, leur bouquet de textes a été refusé par 34 non, 27 oui et 0 abstention. En parallèle, notre amendement, soutenu par le Conseil municipal, a même permis d’augmenter le nombre de repas végétariens à deux par semaine dans le cadre de la M-1209.

Question aménagement, nous avons pu débattre de la Place de Neuve et soutenu, par 40 oui et 20 non, une étude sur les enjeux de circulation et le lancement d’un processus d’aménagement pour lui rendre sa véritable fonction d’espace public. Il est temps que ce vieux giratoire disparaisse pour rendre toute sa place à la mobilité douce, au cœur d’un lieu unique, entre le Grand Théâtre et les Bastions, et sous les fenêtres de la Vieille Ville.

Le prix « Femme exilée, femme engagée » pourrait également renaître de ses cendres après le décès de sa fondatrice. Alors que les parcours d’exceptions sont multiples, ce prix permet de mettre en avant celui de femmes exemplaires dans leurs actions. Les femmes migrantes ont un rôle important dans notre Cité et notre humilité amène à rendre visibles leurs actions. Pour citer notre magistrat Alfonso Gomez, « les femmes migrantes sont des vainqueurs de la vie ». Avec le soutien du Conseil municipal, le Conseil administratif soutiendra ainsi toute démarche d’association visant à organiser ce prix.

En ce qui concerne les urgences, 5 textes ont été débattus:

            – nous avons soutenu la demande d’équiper sans délai les membres du Conseil municipal d’accès informatiques et outils nécessaires afin de pouvoir tenir, si nécessaire, des séances de commission en visioconférence. Ce débat a été l’occasion de rappeler que le respect des gestes barrières est l’unique moyen qui nous permet de limiter la dégradation de la situation sanitaire. Et qu’en tant qu’autorité politique, il nous faut les moyens nécessaires pour donner l’exemple. Et si le Conseil administratif s’est engagé à amener une solution dans les meilleurs délais, il n’en demeure pas moins que ce point est urgent dans l’intérêt de la vie politique municipale et de la population que nous représentons.

            – à l’occasion de la journée mondiale du patrimoine audiovisuel, le Conseil municipal a également accepté (par 55 oui, 6 non et 2 absentions), et renvoyé à la commission de la culture, l’urgence d’Ensemble à Gauche demandant à numériser notre patrimoine musical.

            – avec 36 oui (contre 21 non et 6 abstentions), les arcades vides en Ville de Genève seront aussi favorisées pour les producteurs alimentaires locaux (urgence socialiste). Et ce, afin de compléter l’offre existante sur les marchés.

            – enfin, l’UDC a déposé une urgence sur la violence faite aux femmes. Ce texte a nourri de nombreux débats et amené les Vert.e.s à se questionner: est-ce que le but recherché (la prévention de la violence) pouvait se faire sur des considérants discutables, notamment en raison d’un lien présenté entre violence et origine. Après de nombreuses discussions, notre groupe a opté pour la liberté de vote. Par 40 non, 19 oui et 0 absentions, l’urgence a été refusée. Il n’en demeure pas moins que les Vert.e.s restent préoccupé.e.s par cette question et s’engageront prochainement afin de sensibiliser et de mettre fin aux violences faites à l’encontre des femmes. Quel que soit le milieu d’origine, la langue parlée, le pays de naissance ou la religion.

La plénière d’octobre s’est terminée avec l’ouverture des débats sur les indemnités pour les enfants placés de force. De quoi animer notre prochaine séance de novembre.