Le teint halé et le ton badin, les Conseiller-ère-s municipaux-ales se sont réuni-e-s les 7 et 8 septembre 2021, ou plutôt quelques 70 d’entre eux et elles, une dizaine n’ayant pu atteindre le lieu de réunion pour diverses raisons.

Comme mise en bouche grâce aux questions orales, les conseiller-ère-s ont pu aiguiser leurs armes par quelques escarmouches sur les nouvelles rues au nom de femmes et l’utilisation de l’argent destiné aux ainé-e-s par l’entremise du fonds Zell. D’autres interventions liées à notre agenda de transition écologique furent beaucoup plus consensuelles, par exemple la demande de consultation périodique des associations de mobilités par la Ville, l’inclusion d’une parcelle de mobilité douce sur le PAV des Vernets, la protection des lanceur-euse-s d’alerte (par notre collègue Ana Barciela) et l’état de la situation de la faune et de la flore en Ville de Genève suite aux deux rapports toujours plus alarmants de l’état de la nature en Suisse et dans le monde (par notre collègue Denis Ruysschaert).

Les commissaires entamèrent ensuite le débat ardu sur l’initiative 6 « Genève zéro pub, Libérons nos rues de la publicité commerciale » dont le Vert Valentin Dujoux est le rapporteur. Plus de quatre ans après son aboutissement et ses rebondissements dans la bataille judiciaire sur sa légalité, les Vert-e-s, le Parti Socialiste et Ensemble à Gauche ont imposé leur majorité (39 oui et 30 non). Le Conseil administratif a maintenant trois mois pour produire un règlement d’application. Ce texte libère la Ville de Genève de sa publicité commerciale, vecteur fondamental de notre société de consommation qui accapare la pensée des personnes, dirige leurs besoins et détruit la planète. Si la droite prônait l’immobilisme et brandissait l’impact sur l’économie locale, l’alternative a balayé ces arguments. Il s’agit simplement de se réapproprier l’espace public dans un contexte de justice écologique et sociale ; le tissu économique des petites entreprises n’est pas touché. Prolongeant les propos d’Yves Herren sur la nécessité de « réutilisation plutôt que de l’achat compulsif », Philippe de Rougemont conclut ainsi sur le besoin « de lucidité et de bon sens pour le retrait de la publicité commerciale de notre environnement mental ».

Les commissaires continuèrent ensuite sur l’épineux sujet de l’internalisation du nettoyage en Ville de Genève terminant ainsi le débat sur un sujet entamé lors de la dernière session de juin 2021. Cette internalisation est une longue histoire politique étalée sur plus de 10 ans qui s’était engluée dans différents textes. Profitant de cette nouvelle législature, Omar Azzabi (Président de la Commission des finances en 2020-21), Laurence Corpataux (Cheffe du groupe des Vert-e-s depuis janvier 2021) et Denis Ruysschaert (Rapporteur sur l’objet) se sont impliqué-e-s pour faire aboutir la réflexion. Tous les partis adhèrent au fait que le marché du nettoyage est structurellement dysfonctionnel ; les employé-e-s, en particulier les femmes, se retrouvent chaque fois davantage marginalisé-e-s. Avec l’actif soutien vert, le Conseil municipal a soutenu l’internalisation (39 oui, 29 non) du service de nettoyage des bâtiments et a voté un crédit de 1,3 millions de francs (PRD-264 amendée) pour permettre un projet pilote d’internalisation des services de nettoyage des locaux de la Ville de Genève. Ce projet pilote doit d’abord bénéficier aux femmes qui effectuent les tâches les plus pénibles.

Après ces deux sujets brûlants, les élu-e-s se sont aussi entendu-e-s sur des sujets plus consensuels : un crédit d’étude pour réaménager le Quai Wilson, incluant une zone de baignade et de l’arborisation (PR-1407), la promotion des cyclo-routes en Ville (M-1473) et « la végétalisation de la place Dorcière » en décrépitude et congestionnée par les bus internationaux et touristiques (M-1502). L’urgence verte « Pour une Rue de Lyon ombragée » a aussi été accepté à la quasi-unanimité pour renvoi en commission.