Après des travaux en fin d’année dernière, le boulevard du Pont-d’Arve a rouvert sans modification du plan de circulation, et ce malgré de très nombreuses sollicitations des associations, malgré le vote au Conseil municipal de la Ville de Genève de la motion M-1792 « Mieux équilibrer les différents moyens de transport au boulevard du Pont-d’Arve (…) », et malgré les demandes de la Magistrate en charge de l’aménagement Frédérique Perler. Muni-e-s de banderoles, les militant-e-s et élu-e-s ont inauguré le retour au statu quo et ont temporairement rebaptisé le boulevard « Rue POLLUÉE (d’importance cantonale) » au moyen d’une fausse plaque.

À sa réouverture en décembre, seule la régulation lumineuse a été remaniée pour fluidifier le trafic, semblant démontrer que la principale préoccupation du Conseiller d’Etat en charge de la santé et des mobilités Pierre Maudet est de ne surtout pas froisser le lobby automobile.

Les 4 mois et demi de fermeture du boulevard auraient dû permettre au Département de la santé et des mobilités (DSM) de rééquilibrer l’aménagement de cette route en réservant une voie de circulation aux TPG et aux véhicules d’urgences, améliorant la piste cyclable et élargissant les trottoirs. Le Conseiller d’Etat a préféré favoriser une onde verte pour les automobilistes et persister avec un revêtement phono-absorbant coûteux[1], insuffisant pour réduire le bruit de roulement[2] et inefficace contre le bruit d’accélération des moteurs en montée. Ces mesurettes prennent à peine en compte la problématique du bruit et ignorent complètement les engagements cantonaux à réduire le trafic et à favoriser le report vers les mobilités douces pour réduire de 60% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 7 ans. 

Sans modification du plan de circulation, le Boulevard du Pont-d’Arve reste un enfer pour les riverains qui subissent les nuisances d’environ 17’000 véhicules par jour[3] (1’250 voitures/h aux heures de pointe ! [4]), mais aussi pour les autres usager-ère-s de la route. Les cyclistes sont coincé-e-s entre les voies de circulation et les places de stationnements, les véhicules d’urgence peuvent rester bloqués dans le trafic et les piéton-ne-s sont relégué-e-s à de minces trottoirs. Les TPG voient leur vitesse commerciale divisée par deux par rapport à des rues similaires du quartier[5] et les transbordements à l’arrêt Pont-d’Arve sont difficiles et dangereux.

Les associations et partis demandent conjointement au DSM de transformer la chaussée au plus vite pour rééquilibrer l’espace sur cet axe en y créant une voie réservée aux TPG et aux véhicules d’urgence, une piste cyclable continue et sécurisée et un élargissement des trottoirs. Il s’agit de ne plus attendre pour tenir nos objectifs climatiques

[1] Tribune de Genève, « Le goudron qui ne tient pas la route », 24 novembre 2021. Consultable en ligne : https://www.tdg.ch/le-goudron-qui-ne-tient-pas-la-route-897234195012

[2] Le premier revêtement phono-absorbant a été posé en 2014. Selon les données du Système d’Information du Territoire à Genève (SITG) de 2022, les bruits routiers aux façades atteignent encore en moyenne 70 dB le jour et 65 dB la nuit, soit les valeurs d’alarmes fixées par la législation fédérale sur la protection contre le bruit.

[3] Service cantonal de la protection de l’air, Rapport 2006 sur la qualité de l’air à Genève (ROPAG), mai 2007, p.58. Consultable en ligne : https://www.ge.ch/document/rapports-qualite-air-geneve-ropag

[4] Tribune de Genève, « Faut-il limiter les voitures sur le boulevard du Pont-d’Arve ? », 18 juillet 2023. Consultable en ligne : https://www.tdg.ch/faut-il-limiter-les-voitures-sur-le-boulevard-du-pont-darve-822262604744

[5] La vitesse commerciale des TPG est de 8km/h environ entre les arrêts Pont-d’Arve et Lombard alors qu’elle est de 16 km/h sur l’avenue du Mail. Le croisement avec le tram prioritaire à la rue de Carouge crée un ralentissement logique mais la vitesse pourrait être améliorée avec une voie réservée.

Revue de presse