Des images trompeuses

Cela a commencé par les images : séduisantes, montrant de beaux et grands arbres (alors qu’il sera matériellement impossible de voir se développer de tels arbres dans si peu de terre, qui plus est au-dessus d’un sous-sol bétonné de six étages), des gens souriants et des maraichers heureux, des rues qui semblent s’être élargies comme par magie, mais nulle mention du parking. Ni dans le texte, ni sur les photos. On peut admettre que le promoteur utilise de larges moyens financiers pour faire distribuer des flyers par des personnes rémunérées, qu’il installe des couvre-selles de communication sur les vélos garés en ville ou fasse faire des tours à tricycle avec de la pub. Qu’il engage des comédien·ne·s pour jouer les habitant·e·s favorables au projet (sur photos mais aussi en film) commence à frôler la limite de l’honnêteté qu’on est en droit d’attendre d’une telle campagne politique. Par contre, « oublier » de mentionner le parking sur les supports de communication constitue un franchissement clair de cette limite, induisant purement et simplement les citoyen·ne·s en erreur. Car quoi qu’essaie de faire croire le promoteur, un parking a des entrées et sorties en surface. Or, celles-ci ne figurent sur aucune des images de synthèse. Pourtant, les voitures seront bel et bien présentes tout autour de la zone piétonne, et les trémies d’accès au parking seront à l’angle de la place Pierre-Fatio et de la rue de Versonnex.

Des logos d’organisations utilisés sans leur avis

Mais il y a plus grave encore, puisque les mensonges vont bien au-delà de simples images trompeuses : plusieurs associations ou entreprises ont vu leur nom apparaître en tant que partenaires sur le site et les flyers des promoteurs, sans avoir donné leur accord ! C’est le cas de Genève Roule, de Mobility et de l’Association des habitants du centre et vieille ville (AHCVV), comme on l’a déjà lu dans la presse, mais aussi de Handicap architecture et urbanisme (HAU) dont la position est neutre sur le projet. D’autres, comme l’Association des marchés de Genève (AMG) et l’Association des habitants des Eaux-Vives (VAEV), y sont carrément opposées ! Tous se sont étonnés lorsque l’on leur a signalé qu’ils étaient mentionnés en tant que partenaires, certains se sont étranglés (GE Roule, AMG), tous ont dénoncé. Le comité HAU (Handicap architecture et urbanisme), qui a été consulté comme prestataire de service sur l’accessibilité, dénonce par la voix de Marjorie de Chastonay, membre du comité, une instrumentalisation des personnes en situation de handicap. Mais que faire lorsque les flyers ont déjà été distribués dans les boites aux lettres ?

Démarchage téléphonique et faux profils sur les réseaux sociaux

Les méthodes plus que douteuses sont légion. Nous avons appris que la société Valartis, actionnaire majoritaire de la SA Clé de Rive, a lancé une campagne de démarchage téléphonique auprès des citoyen·ne·s genevois·es. Comment cette entité a-t-elle obtenu des données téléphoniques privées qu’elle utilise abondamment ? Nous demandons davantage de transparence et un respect des règles de bonne foi.

Sur les réseaux sociaux, les faux profils enthousiastes sont monnaie courante (Marc Leclair, Alexandra Label ou Lisa Dubois, notamment), vantant les méritent du projet avec quasiment les mêmes mot et avec des attaques agressives contre les personnes s’opposant au parking. Nous dénonçons ces formes de « trollisme » anonyme. Par ailleurs, tous les commentaires qui ne vont pas dans le sens de Clé de Rive sont systématiquement effacés de leur page Facebook, afin que toute personne la consultant soit amenée à penser que tout le monde est favorable au projet.

Du jamais vu !

Une campagne aussi malhonnête est inédite à Genève. Elle ne relève clairement pas des moeurs politiques habituelles mais de méthodes de marketing extrêmement agressives émanant de promoteurs qui agissent par appât du gain, et certainement pas pour améliorer la qualité de vie des habitant·e·s !

La population a le droit de savoir sur quel objet elle se prononce et quels sont les enjeux et conséquences concrètes. Les méthodes malhonnêtes dénoncées ici (la liste est loin d’être exhaustive) démontrent qu’une partie de nos concitoyen·ne·s risquent de voter en ayant été trompés. Ce n’est pas digne d’une cité démocratique comme Genève !

Pour toutes ces raisons, notre comité en appelle aux Autorités afin qu’elles interviennent pour rappeler aux défenseurs·euses du parking de respecter le minimum d’honnêteté nécessaire à un exercice décent des droits démocratiques et qu’elles informent la population genevoise des messages trompeurs diffusés par le promoteur.