Laurence Corpataux

Cheffe de groupe des élu.e.s Vert.e.s Ville de Genève

Les effets du Covid continuent à marquer notre quotidien et à pointer les failles d’un système globalisé qui n’arrive plus à s’approvisionner par manque de production locale. S’il est encore difficile de prédire l’avenir, le gros de la tempête semble derrière nous. Nous continuons cependant à nous enfoncer dans une triple crise : crises économique, sociale et sanitaire.  Il est donc essentiel de continuer à rester solidaires et responsables pour prévenir une 4ème crise, celle de l’effondrement de la société liée à l’urgence climatique.

Aujourd’hui, nous sommes en pleine transformation des modes de déplacements et de réaménagement urbains. Les projets de  requalification de la Rue des Rois, du quartier de Rive ou de l’avenue du Mail illustrent  la mue en cours vers moins de bruits, moins de pollution et moins d’ilots de chaleur. 

Jusqu’au retour à l’équilibre budgétaire prévu en 2028, chaque année, l’Exécutif  de la Ville de Genève doit faire avec 7 millions de moins. 

Cette obligation exige que la  Ville soit plus sobre et plus efficiente. La pensée verte le résumerait ainsi : moins gaspiller, mieux réutiliser et réfléchir autrement.

Malgré les bonnes prévisions fiscales cantonales d’octobre, nous soutenons le choix du Conseil administratif d’un retour à l’équilibre progressif. Ceci est primordial dans l’attente d’éventuelles décisions concernant le report de charges de plusieurs millions du Canton aux communes. La prudence est donc de mise pour éviter de passer sous la tutelle de l’Etat.

Nous regrettons le manque cruel de choix politique qui a poussé le Conseil administratif à proposer de supprimer les mécanismes salariaux du personnel municipal pour la deuxième fois en 2 ans, provoquant ainsi des grèves du personnel. Pour le budget 2023, nous attendons des choix politiques clairs.

Nous saluons  la concrétisation du poste de délégué à l’économie, d’une politique active  d’encouragement pour améliorer le tri des déchets ainsi que la mise en route d’une levée des déchets par les bennes communales ; cette internalisation est aussi le fruit d’un combat mené par mon groupe depuis des années. En plus de diminuer la pollution sonore et de l’air, cela amènera 1,5 million de recettes supplémentaires à la Ville.

Nous réaffirmons notre demande de l’année passée d’ajuster, de réorganiser les financements et de réfléchir aux coûts à court, moyen et long terme d’une politique de l’excellence à tout prix.

Nous continuerons d’exiger une Ville  plus créative dans la recherche de nouvelles recettes ou de choix alternatifs moins couteux.

Au niveau des finances

Les auditions ont pointé un manque de 8 millions pour l’entretien des bâtiments. Il faut accroitre les moyens afin d’accélérer l’isolation et le changement des vitres. L’exemplarité de la Ville devrait inciter les privés à faire de même. Ainsi, la production de gaz à effet de serres et les pertes énergétiques seront moindres plus rapidement.

Le financement des rénovations lourdes et des aménagements urbains étant pris sur le budget d’investissement, nous sommes hautement favorables au maintien de celui-ci à 180 millions.

Dans  la perspectives de réduire les émissions de gaz à effet de serres de 60% d’ici 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2050, l’assainissement énergétique du patrimoine bâti de la Ville, tels  la Cité Jonction ou le Centre  sportif des Vernets, nous tient à cœur. La diminution des charges liées serait à réinvestir dans l’entretien des bâtiments.

Comme les années passées, les charges contraintes liés aux contrats avec la FASe, le GIAP et les institutions subventionnées de la Petite enfance pèsent de plus en plus lourd, soit 10 millions de plus en 2022. Cet accroissement sans fin et sans frein requiert une analyse fine des comptes et de la gouvernance de ces entités.

Les projections en terme d’entrées financières devrons être revues à la baisse suite à l’acceptation de certains projets comme la réduction des nuisances publicitaires et celle de places de parc. La Ville doit y pallier notamment par la mise en place d’écotaxes sur les nouveaux systèmes d’assistances et de propulsions de véhicules. Du moins, elle doit prendre langue avec le Canton, qui, lui, voit ses comptes s’alléger grâce à une population en meilleur santé par le biais de la mobilité douce et de la végétalisation.

Au niveau de l’administration, nous proposons les mesures qui suivent :

Tout en garantissant la qualité des prestations et en accentuant l’efficience de notre administration, soyons moins ambitieux dans le développement de certains projets, comme le MAH ou un nouveau bassin olympique de natation. Nous invitons les départements à une plus grande modération dans leurs projets de construction car plus la construction est généreuse, plus son entretien est couteux. 

L’accès à une alimentation saine sans pesticides, sans produits de synthèse et sans perturbateurs endocriniens est primordial.  Malgré l’accroissement des repas végétariens dans les restaurants scolaires, à ressources égales, la Ville peut et doit faire mieux. D’autres collectivités l’ont fait avant nous, comme Copenhague qui est passé à 90% d’aliments bio à coûts constants, par une diminution du gaspillage alimentaire. Cette ville a fait, en concertation avec les enfants un travail en profondeur sur le goût des aliments et a aussi troquer,  pour manger, les réfectoires pour des salles de classe. Les bénéfices pour les enfants sont double : éviter les déplacements et leur dangerosité ainsi que gagner du temps de repos et de jeu.

Nous souhaitons qu’au sein du service Agenda 21-ville durable, la proportion du budget dédié au social, à la nature et à  l’économie soit équivalente, soit 33%  chacune. Aujourd’hui, la part de l’environnement est seulement de 6%.  Ce pourcentage doit impérativement être augmenté pour mieux répondre à la transition écologique.

L’amélioration de 21 millions des prévisions fiscales d’octobre liées aux personnes physiques et morales,  a permis au  Conseil administratif  de :

  • Réintégrer les mécanismes salariaux ce qui nous réjouit ;
  • De créer 1,8 poste au service de la Petite enfance pour des entités subventionnées comme notre groupe l’a demandé;
  • D’augmenter le soutien aux enfants à besoins spécifiques ce qui illustre la politique inclusive de la ville ;
  • De renforcer les manifestations et activités sportives dans l’espace public pour maintenir en santé les habitantes et habitants de notre Ville ;
  • D’améliorer un peu les subventions aux musiques actuelles afin de mettre du beurre dans les épinards de ceux et celles qui les pratiquent et qui ne roulent pas sur l’or ;
  • D’ajuster les frais d’énergie du patrimoine financier à la réalité (1 million) ;
  • D’accroitre de 700’000 CHF les ressources d’entretien des nouveaux bâtiments communaux pour prévenir une dégradation rapide ;
  • De mettre en place le projet pilote, souhaité par les Verts, d’internalisation du nettoyage (4 à 5 postes);
  • De développer un plan de mobilité en entreprise pour le personnel; la transition écologique passe aussi par là !
  • D’octroyer une subvention nominative à l’association Terragir dont les objectifs sont de susciter le développement d’outils et de proposer des actions en vue d’une société utilisant les ressources naturelles de manière équitable et responsable.

En commission des finances, les Vertes et les Verts ont particulièrement soutenu :

  • une meilleure répartition du financement entre musiques classique et musiques actuelles ainsi qu’envers d’autres acteurs culturels afin de maintenir la diversité de l’offre et d’améliorer les conditions salariales ;
  • une subvention à United Music Foundation ;
  • la hausse de la subvention de l’OCG ;
  • le renforcement du soutien aux associations de luttes contre le racisme anti-noir tel Couleur Café et l’UPAF. Nous regrettons le refus de notre proposition de consolider le fonds de prévention et de luttes contre le racisme anti-noir.
  • Le programme 15 jours  1h par m2. Après un vote à l’unanimité de la motion dédiée à ce programme intergénérationnel, le refus de lui octroyer une subvention nominale de 17’000 fr. nous questionne.  Ce programme gagnant – gagnant offre à toute personne possédant une chambre inoccupée de loger un ou une étudiante contre des coups de main. Nous redéposons un amendement à ce sujet.

Nous avons aussi approuvé

  • la mise à disposition de vêtements de travail femmes pour les collaboratrices du service des espaces verts.
  • ainsi que 2 nouvelles subventions pour des projets ponctuels liés à l’hébergement et au logement d’urgence de personnes en situation de grande vulnérabilité et de grande précarité. Cependant, la Ville doit continuer à être attentive à ce que le Canton et les communes fassent bien leur part.

En raison des réserves de l’OSR et de la suppression de la subvention aux Bains des Pâquis par la magistrate en charge du département concerné, suite au rapport de la Cour des comptes, la majeure partie de nos compensations se sont portées sur ces  deux entités.  C’est le choix du moindre mal sans mise en cause de la qualité de leurs prestations.  

Il nous parait inacceptable que qu’une ligne de l’Agenda 21 soit sabrée de 96’000 CHF, somme qui correspond au 1/5  du fonds concerné. Avec cette décision, des projets portés par des associations comme Les Artichauts, Alternatiba, IDDEA, Zéro déchets Genève pourraient être stoppés et des potagers urbains ne verront pas le jour. Cette décision montre le peu de cas que font tous les autres partis de la défense de notre environnement. Derrière leurs belles déclarations vertes,  il y a un bien grand vide !  Nous ferons tout pour rétablir cette ligne à son niveau antérieur. Nous refuserons aussi de nouvelles propositions en défaveur de la protection de l’environnement et de la sauvegarde de la biodiversité. Pour ce motif nous n’avons pas voté la compensation proposée : la hausse de la subvention à Trialogue.

Il nous est très difficile de renoncer à augmenter le Fonds en faveur du climat.  tant celui-ci est clef pour répondre aux exigences en lien avec le réchauffement climatique. Nous avons dû le faire, faute de compensations acceptables, afin de ne pas péjorer le budget. Nous espérons néanmoins que l’Exécutif sera sensible à notre demande et qu’il approvisionnera ce fonds.

Si nous comprenons le souci de la droite et du MCG d’améliorer le résultat financier de la Ville, les Verts et les Vertes ne peuvent cautionner leur proposition de supprimer des postes au sein de l’administration pour y arriver car cela se ferait aux détriments de la qualité des prestations communales.

L’argument que les nouveaux postes demandés, cet automne, par l’Exécutif ne sont pas nécessaires car proposés dans un deuxième temps, n’est pas convainquant : c’est à la suite de la nette amélioration des prévisions fiscales par le Canton de cet automne que le Conseil administratif a pu les présenter tout en continuant de cheminer vers le retour à l’équilibre sans passer par la case tutelle de l’Etat.

De plus, contrairement à ce que clame la droite, sur 12 nouveaux postes, la moitié sont en lien avec le terrain : 4 nettoyeuses et 1,8 personnes pour la Petite enfance. Le poste d’auxiliaire pour le développement de mobilité douce au sein de l’administration met une touche verte supplémentaire bienvenue.

Les 3 rapports de minorité montrent que la droite est passée à 100% en mode  opposition. Mais faire mincir au plus vite le budget comporte le même risque qu’un régime d’amaigrissement rapide: reprendre plus de kilos que ceux perdus. Pour la Ville cela signifie voir grossir les budgets à venir pour répondre aux effets négatifs de coupes inconsidérées sur les individus et les familles, dont celles de la classe moyenne.

Il ne fait aucun doute que ce budget manque de vert et qu’il est donc perfectible. Les Vert.e.s. le voterons néanmoins car il représente le meilleur compromis considérant les ressources à disposition.