
À l’heure des résultats d’un autre marathon
Texte paru dans la rubrique L’invité de la Tribune de Genève. Le conseiller administratif Alfonso Gomez s’exprime sur le budget 2025.
Alors que des milliers de Genevoises et de Genevois se lançaient samedi 7 décembre dans la Course de l’Escalade, un marathon d’un autre genre se jouait, à quelques foulées du parcours, derrière les murs de l’Hôtel de Ville. Au sein de cette arène-là, il aura fallu dix-sept heures au Conseil municipal pour doter la Ville de Genève de son budget 2025. Il faut dire que cet exercice était particulier, en premier lieu en raison de l’important déficit projeté. Celui-ci est la conséquence de la récente baisse d’impôts qui impactera la Ville à hauteur de 53 millions. Si aucune commune ne l’a refusée, dix quartiers populaires de la ville ont néanmoins voté non, parfois jusqu’à 58%.
Reste que le peuple est souverain et il a toujours raison. Il a souhaité lui aussi bénéficier un peu des résultats extraordinaires dernièrement affichés aux comptes, à la faveur de quelques entreprises qui ont prospéré malgré – ou grâce – aux crises successives. Des résultats qui par ailleurs ont permis de diminuer la dette de 12,5% depuis 2020.
Cette situation nous conduit à faire un grand pas en arrière sur le chemin du retour à l’équilibre, scrupuleusement arpenté depuis 2020, lorsque la réforme de la fiscalité des entreprises avait déjà lourdement grevé les recettes fiscales. Quelques rares communes, les plus aisées, s’en sortiront sans douleur, mais ce n’est pas le cas de la majorité d’entre elles. Si le Conseil administratif de la Ville de Genève n’entend en aucun cas augmenter l’imposition des contribuables comme certains l’envisagent ailleurs, il ne compte pas non plus agir dans la précipitation et couper dans des prestations qui couvrent des besoins essentiels. Nous avons choisi le moyen terme pour revenir à l’équilibre. Cette stratégie a été validée par le parlement à une majorité dépassant les clivages politiques.
Ce marathon budgétaire avait une autre particularité, celle d’être le dernier de cette législature. Il offre ainsi l’occasion de rappeler que les budgets votés depuis 2020 ont permis de concrétiser nombre de réalisations – augmentation des îlots de fraîcheur, multiplication par quatre du nombre d’arbres plantés, création de 460 places de crèches et 1110 places d’accueil au parascolaire, meilleure protection des locataires des logements sociaux, meilleure rémunération des artistes, réduction de la fracture numérique, augmentation des dispositifs d’accueil des sans-abri, amélioration de l’animation et de l’attractivité de la ville, multiplication des activités sportives dans l’espace public, renforcement du maillage cyclable, rénovation de logements, réaménagement de la rue des Rois, de la place de la Synagogue, de la place du Pré-l’Évêque, et j’en passe. Davantage qu’une addition de lignes financières, les budgets sont les premiers rouages de projets qui ont un impact concret sur la vie des gens. Lors de la campagne fiscale, la droite avait promis que les prestations ne seraient pas diminuées. Pourtant, elle n’a eu de cesse de les attaquer durant les débats, faisant fi de sa promesse, quelques jours seulement après la votation.
Dans les temps incertains que nous vivons, les collectivités sont des remparts. Leur solidité dépend des finances à leur disposition, qui permettent de faire face aux inégalités qui se creusent, au dérèglement climatique, aux besoins de la classe moyenne qui compte sur des prestations à la hauteur. Avec toujours, au centre de l’engagement politique, l’intérêt des Genevoises et des Genevois.
* Chargé des Finances, de l’Environnement et du Logement