Les échos du Conseil municipal des 2, 3 et 4 juin – Un nouveau départ après une double éclipse
Par Uzma Khamis Vannini et Philippe de Rougemont, conseiller.ère municipal.e en Ville de Genève.
Ce premier écho du municipal depuis début mars vous est fourni à quatre mains par une réélue et un nouvel élu.
Ces trois séances successives sont un nouveau départ, après une double éclipse : éclipse de cinq années pendant lesquelles notre sensibilité était minoritaire, éclipse de plus de deux mois d’interruption exceptionnelle due au confinement. Au bout du tunnel, la lumière.
Le premier soir nous avons toutes et tous prêté serment faisant retentir l’un après l’autre par 80 fois « je le jure » ou « je le promets » dans l’amphithéâtre de l’OMM, siège du GIEC, quelques mois après que le municipal a voté l’urgence climatique.
Le Maire Sami Kanaan a lu le discours de législature du CA. Il évoquait le contexte de la récession à venir et les priorités qui s’imposent à nous : l’aide à la reprise des activités, la justice sociale et l’urgence climatique.
Le lendemain, les questions, débats, réponses et votes ont commencé. Plusieurs questions et objets portaient sur comment développer et rendre durable ce qui a été mis en place à la hâte pendant la covid-19 : notamment les logements pour les sans abri, la distribution d’aliments et les pistes cyclables. Un des objets était la pétition verte pour un moratoire sur la coupe d’arbres en ville, co-rédigée par Alfonso Gomez, que nous avons transmise à… lui-même, désormais en charge de l’aménagement.
Et ô bonheur ! Ces objets ont chacun reçu le traitement que nous demandions !
On a vu les vétérans de l’ancienne législature se chercher des yeux après l’annonce du résultat des premiers votes et échanger des sourires d’incrédulité puis de soulagements. Enfin sortis du tunnel de la minorité, désormais tant de choses sont envisageables, pour la justice sociale, la biodiversité et le climat.
De nombreux votes ont donné 50 voix en faveur de la position que notre groupe défendait alors que 25 s’y opposaient. Autre plaisir que les anciennes et anciens n’ont pas boudé : la diminution notable – mais pas totale – du bruit de fond provenant des UDC et MCG, à l’arrière de la salle où ils ont voulu s’installer, tels les turbulents d’une classe d’école, tels aussi ceux qui se plaignent contre les directions que nous arrivions à prendre.
Au bout de ces 3 jours de sessions, nous avons presque toutes et tous pris la parole, pour défendre une position du groupe ou pour poser une question au CA.
Dans un premier temps la crise du COVID-19 a trouvé un Conseil municipal sensible à la détresse sociale, la précarité, les PME, les travailleurs et les travailleuses, si ce semi-confinement fût reposant pour la nature, force est de constater que nombre d’entre nous n’étions pas préparé à ce ralentissement et certaines personnes l’ont subie de plein fouet.
Nul ne peut ignorer aujourd’hui que dans un des cantons les plus riches d’un des pays les plus riches du monde, la pauvreté est apparue au grand jour. Les distributions de sacs d’aliments sont passés de 1200 à plus de 3500 en quelques semaines et près de 14’000 personnes ont été aidées par des associations dont la Caravane de Solidarité et les Colis du Coeur. A la patinoire des Vernets, un indispensable travail d’aide logistique a été assuré par le département d’Esther Alder – repris il y a quelques jours par Christina Kitsos – de la Ville de Genève.
Lors des débats sur la motion socialiste « Pour le maintien de l’ouverture de la caserne des Vernets jusqu’à la mise en place d’une solution d’hébergement digne pour les sans-abri », Laurence Corpataux a eu l’occasion de rappeler que depuis 2018, la Ville propose un logement d’urgence à l’année et depuis plusieurs années, sous l’impulsion d’Esther Alder, l’offre en logement d’urgence en Ville de Genève a été développée et le financement des associations accompagnant les sans-abris a été augmenté.
Même avec le mois supplémentaire voté pour cette année, ces mesures restent insuffisantes au regard de la précarité galopante. La motion a été renvoyée en commission par la majorité du Conseil municipal et il s’agit maintenant de ne pas faire l’autruche face à cette réalité.
La pauvreté est une honte non pour ceux/celles qui la vivent mais pour ceux/celles qui nient son existence, font diversion avec les causes étrangères à la situation ou oublient que nous parlons d’humains et de la dignité humaine et non d’une masse anonyme qui doit servir à augmenter les dividendes ou préserver des héritages…
Une des solutions de lutte contre la précarité est la régularisation des sans-papier, un des chevaux de bataille des Vert.e.s. 2’400 régularisations ont été possible grâce à l’opération Papyrus, environ 10’000 personnes sont encore en marge d’une existence digne. Les Vert.e.s au côté du PDC et d’Ensemble à Gauche ont soutenu la résolution socialiste «Contre l’extrême précarisation: l’urgente régularisation».
Notre groupe a également argumenté contre un projet d’augmenter de 5% les jetons de présence des élu.e.s au Conseil municipal, une demande d’augmentation qui peut s’entendre, mais sûrement pas en ces temps de restrictions et de faillites ! Une large majorité des élu.e.s a décidé de suivre cet avis.
Parallèlement à la justice sociale, les Vert.e.s ont oeuvré pour la justice climatique et un environnement sain, soit convivial et accessible à toutes et tous.
Notre pétition qui demandait un moratoire sur les coupes d’arbres a été renvoyée au Conseil administratif. Les arguments de Bénédicte Ansellem-Ossipow ont été repris au bond par notre conseiller administratif Alfonso Gomez pour qui « les arbres sont des organismes vivants (…) il faut faire avec et non contre la biodiversité et la végétalisation. »
Sous la plume de notre cheffe de groupe, Delphine Wuest, les Vert.e.s ont déposés trois textes, la motion « Sors ta gourde », « Pour un miroir d’eau aux Bastions » et « Rafraîchir la ville en créant des ruisseaux paysagers » qui invite le Conseil à lancer une campagne de sensibilisation, à étudier l’installation d’un miroir d’eau devant le mur des Réformateurs et la possibilité de transformer les collecteurs d’eaux.
Les nouveaux.velles, au nom des Vert.e.s, par la voix de Matthias Erhardt, ont défendu la consommation locale et le commerce de proximité en soutenant le retour du marché au plateau de Champel ; par la voix de Leyma Wisard-Prado, ont exprimé leur souhait de favoriser l’accès à la population aux terrasses de l’hôtel-restaurant du parc des Eaux-vives, de varier les modalités d’exploitation du lieu et de maintenir une partie de l’établissement ouvert à toutes et à tous en permanence.
La nécessité d’un environnement sain a été défendu à tous les niveaux.
Jacqueline Roiz a soutenu le texte « Pour que la piscine de Pâquis-Centre reste ouverte les mercredis et les jeudis soir » , Valentin Dujoux a défendu « Pour un développement des zones de rencontre à Genève », Anna Barciela, qui n’a pas oublié nos amis à 4 pattes, en soutenant le texte « Pour la création de parcs à chiens situés à la Jonction et dans les quartiers bordant le Rhône et l’Arve » , Vincent Maillard n’a pas oublié la convivialité en défendant le texte « Pour un développement des zones de rencontre à Genève » ou le soussigné de droite, Philippe de Rougemont qui a expliqué pourquoi il fallait classer la pétition « Pour des places de parking de dépose-minute » devant une crèche.
Frédérique Perler a reçu et répondu à plusieurs questions ayant trait à des chantiers interrompus pendant la période de confinement, gênant la pose des terrasses ou la continuité des pistes cyclables et ce, notamment à la rue de Fribourg : « Aujourd’hui, pour permettre une reprise économique aux restaurants et cafés très impactés par le Covid, la Ville de Genève et le Canton ont demandé aux SIG de remblayer ce chantier pour permettre le déploiement des terrasses. Les branchements privés d’eau et de gaz seront effectués à la fin de la saison estivale. Un revêtement phono-absorbant sera posé par la Ville de Genève au terme des travaux SIG. Les restaurateurs ont reçu une information orale ».
Comme l’a si bien rappelé notre tout nouveau conseiller administratif Alfonso GOMEZ en répondant à une question orale qui portait sur les engagements de la Ville dans le domaine de la lutte contre les discriminations et plus particulièrement au sujet de la dénonciation de propos racistes proférés au sein du Conseil municipal « Le rôle des élu.e.s, aussi bien du Conseil administratif que du Conseil municipal, est bien de désamorcer tout acte de violence au lieu de l’attiser et de la glorifier comme le font certain.e.s élu.e.s d’ici et d’ailleurs irresponsables. C’est toute la société qui étouffe lorsqu’une partie de la population ne peut plus respirer. »
C’est dans cet état d’esprit que la majorité a renvoyé en commission du règlement le PRD-274 « Projet pilote de dispositif municipal des droits humains à Genève » déposé en commun avec les Vert.e.s, le PS et Ensemble à Gauche et porté par Omar Azzabi.
Enfin, le Conseil municipal a élu son président et ses deux vice président.e, sous la présidence du PS et la première vice-présidence du MCG. C’est avec plaisir que la soussignée de gauche, Uzma Khamis Vannini, annonce qu’avec le soutien de son groupe et de la majorité du Conseil municipal celle-ci a été élue à la seconde vice-présidence.
Le vent se lève, il nous souffle dans le dos, il est temps de sortir la grand-voile en équerre ! Et à bien barrer.
Nous avons un boulevard devant nous, à nous de bien utiliser cette grande opportunité que les électrices et électeurs se sont accordé et faire de ces 5 prochaines années celles de réalisations structurantes et immédiates aussi, pour la cohésion sociale, la cohésion avec le reste de la nature et avec les générations à venir.
Portez-vous bien, on ne lâche rien !
Uzma Khamis Vannini Philippe de Rougemont