Omar Azzabi

Conseiller municipal

Une session, une fois n’est pas coutume, ayant duré sur trois journées avec, comme l’accoutumée, une ouverture sur les questions orales des élu.es. Jacqueline Roiz s’inquiétait de l’utilisation des WC fermés au public du côté du Quai du Mont-Blanc. Malheureusement, ces WC sont sous la responsabilité du canton, une doléance sera transmise en ce sens. Omar Azzabi s’est lui inquiété de la décision du Conseil fédéral de réduire le budget dédié à l’Euro de football féminin 2025, 2ème plus grande compétition accueillie en Suisse après l’Euro masculin de 2008 dont le budget se montait à près de 80 mio. Le gouvernement fédéral a considéré que le budget initialement prévu pour cette compétition d’envergure de 15 mio était trop généreux pour le baisser à 4 millions de francs. Genève étant une des huit villes à accueillir des matchs, cette manne financière devait servir, entre autres, à subventionner les déplacements des supporter.trices en mobilité douce (TPG et CFF) et à promouvoir le football féminin à l’heure d’un essor incroyable et populaire dans le pays.

Le premier acte de cette session verdissage est signé de la main du Conseiller administratif Alfonso Gomez qui propose deux crédits de près de 8,5 mio pour végétaliser la Ville et fait suite à un premier budget voté en 2022. Ce dernier permettra au Service des Espaces Verts (SEVE), qui en sera le bénéficiaire, de travailler avec une planification à long terme. Ce budget est nécessaire pour lutter contre les îlots de chaleur, favoriser la biodiversité, retirer du bitume partout où c’est possible afin de rendre les sols perméables et limiter leur érosion[1]. C’est d’ailleurs le cas pour plusieurs projets qui sont déjà en cours d’élaboration aux Pâquis et à la Jonction.

Le deuxième acte d’importance est signé de la part de la Magistrate Frédérique Perler qui marque l’histoire de la commune en débloquant un vieux serpent de mer ; la passerelle du Mont-Blanc, qui a été renommée pour l’occasion « Promenade piétonne[2] ». En effet, il y a dix ans déjà la solution proposée par la Ville avait été contestée par la Compagnie Genevoise de Navigation (CGN) pour des questions de circulation de leurs bâtiments sur le lac. Un crédit de 54 mio. de francs, dont 26 à la charge de la Ville, avec une participation fédérale à hauteur de 13 mio et une autre à la charge du canton de Genève pour 5 mio. de francs. Un projet qui aura pour avantage de représenter un des plus grands investissements pour les piétons comme le rappelait Madame Perler, surtout quand on sait que la route des Nations qui ouvrira fin mars et qui a coûté la bagatelle de 150 mio. Sans compter les 2,1 mia de francs pour l’élargissement de l’autoroute autour de Genève. Le Conseiller municipal Bernard Delacoste concluait en affirmant très justement : « Enfin une infrastructure et un investissement pour l’homme qui marche.  Pour donner une chance à une certaine forme de décroissance donnons-nous déjà les moyens d’aller à pied, à l’abri des voitures, en sécurité et face au lac. Attendre une suppression d’une voie sur le Pont du Mont-Blancs nous aurait fait prendre un retard de 15 ans supplémentaires ». Finalement et non des moindres, avec ce projet, Les Vert-e-s iront au bout de leur promesse de terminer le fameux U cyclable autour de la rade permettant finalement aux cyclistes de circuler dans les deux sens sur le Pont sans détour et de manière directe.

Le troisième acte consistait en une révolution qui marquera l’aménagement de la commune puisqu’un dernier crédit de réalisation est destiné à la piétonisation et « au réaménagement de la rue de Carouge du rond-point de Plainpalais à la place des Augustins[3] ». Une mesure venant compléter la politique du Département de l’Aménagement, des Constructions et de la Mobilité (DACM) de pacifier, dépolluer et rendre les quartiers aux habitant.es et aux piéton.nes après la rue des Rois, les rues du Port, du Prince et de la Tour-Maîtresse dans les rues basses ainsi que le quai des Bergues. Si certaines voix se sont élevées pour dénoncer « la lenteur du processus », Bernard Delacoste rappelait que « c’est plutôt Monsieur Maudet que nous devrions faire avancer dans cette direction, car pour le moment c’est plutôt l’immobilisme qui l’emporte, on se réjouit cependant du travail en profondeur (et je cite) du travail « subtil et en profondeur » qu’il annonce faire pour diminuer le trafic en ville ». Un écho fait à la majorité cantonale de droite qui refuse de pacifier le boulevard du Pont d’Arve et les mesures de bruit et de pollution d’air qui dépassent les recommandations fédérales[4] et la jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE (CURIA) à laquelle la Suisse est soumise.

Un geste a été fait en faveur des commerçant.es de la commune puisque le groupe écologiste a appuyé une motion permettant, je cite, « la mise en place des mesures préparatoires plus efficaces en amont des travaux pour mieux préparer les commerçants et anticiper ce qui est possible de l’être. » selon Bernard Delacoste. « Des mesures de courtoisie » seront proposées par le Conseil administratif lors des travaux sur la voie publique dont la Ville est maître d’œuvre.

La pacification des quartiers a été mise en exergue par la Magistrate Frédérique Perler et le groupe écologiste sur la rive gauche grâce à « l’amélioration des mesures de modération de la circulation et de sécurisation des déplacements dans la zone 30 du quartier des Eaux-Vives[5] ». Des aménagements nécessaires dans un des quartiers les plus denses et les moins végétalisés de la commune induisant du bruit, de la pollution et des saletés comme l’indiquait le Conseiller municipal Valentin Dujoux. Alors que le Conseil d’Etat ne soutient pas l’initiative verte « pour un canton qui marche », par ce vote, nous rappelons aux habitant.es des Eaux-Vives qu’iels ne sont pas oublié.es par rapport aux nuisances grandissantes qu’iels subissent. La qualité de vie a également été mise en avant grâce au vote de l’urgence verte présentée par la Conseillère municipale Ana Barciela Villar à propos des « refuges climatiques pour les seniors » qui demande « à créer davantage des lieux d’accueil adaptés aux personnes âgées par quartier afin qu’elles puissent se réfugier dans ces espaces pendant les périodes de forte chaleur ». Le texte demande aussi « à mettre à disposition dans ces lieux une offre d’accompagnement social, culturel et de lutte contre l’isolement de la personne âgée. ». La vérité des étés caniculaires à Genève nous pousse à reconnaitre que « maintenir une température agréable à la maison devient difficile pour la personne âgée même en appliquant les consignes qui sont données pour rafraîchir leur appartement ».

Pour poursuivre et non des moindres, la gauche municipale a tenu à soutenir une résolution appelant la population à voter 2 fois non aux lois sur le quartier d’Acacias-Praille-Vernets (PAV) le 3 mars prochain[6]. En effet, comme l’affirmait le conseiller municipal Vincent Milliard : « Ils nous ont vendu, à chaque fois, un accès facilité à la propriété privée pour la classe moyenne supérieure, nous n’avons eu, en retour, que spéculation, accroissement des inégalités – notamment en matière d’accès à la propriété – et augmentation abusive des loyers ! Dans un canton où le territoire est exigu, la maîtrise du sol est un enjeu déterminant. Ne bradons pas les parcelles en mains publics qui doivent servir au bien commun et à protéger les locataires de certaines pratiques frauduleuses ! ».

Un point culture d’importance a été débattu dans l’hémicycle puisqu’après plusieurs mois de bataille dans les médias du canton, l’Orchestre de Chambre de Genève (OCG) obtient différentes augmentations de subventions permettant de répondre à l’urgence et la précarité de ses musicien.nes qui touchaient jusqu’alors 2800 chf en moyenne pour un temps partiel de 50%. Une situation qui s’inscrit dans un débat plus général sur la répartition des moyens à disposition au sein du budget du Département de la Culture et de la Transition Numérique (DCTN) pour les différents types d’art et de la musique plus en particulier. Alors que « deux institutions à Genève, l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) et le Grand Théâtre (GTG) accaparent 90% des subventions disponibles pour la musique » affirmait Omar Azzabi, il est nécessaire de rééquilibrer les moyens à disposition. « Et puis dans la musique classique, il n’y a pas de raison qu’un orchestre puisse remplir ses obligations au niveau des conventions collectives de travail dans la musique et que d’autres orchestres ne puissent pas le faire. Quand on voit les différences salariales entre l’OSR et l’OCG, ce sont des différences qui vont du double au triple selon certains types de musicien.nes[7] ». C’est ainsi que le groupe écologiste a appuyé deux augmentations de subvention à destination de l’OCG remontant le soutien financier et publique de la Ville à 2,5 mio. de francs. Ceci vient mettre en œuvre la nouvelle « Loi pour la promotion de la culture et de la création artistique (LPCCA) » pour la première fois, cette dernière exige le financement partiaire entre Ville et Canton de certaines institutions culturelles. Plus que la dignité des musicien.nes et la reconnaissance du travail de l’OCG depuis plus d’une décennie, c’est surtout une réponse à un débat plus global à propos du déséquilibre du soutien public envers les institutions musicales du canton dont la moyenne nationale avoisine les 75% pour les orchestres de musique classique.

Pour conclure, le Magistrat Alfonso Gomez a fait preuve d’une grande diplomatie en venant à bout de 15 ans de négociations avec les syndicats et la commission du personnel de la Ville de Genève à propos des fonctions dites « pénibles » dans le statut du personnel de l’administration municipale, comme les maçon·nes, ouvrier·ères de la voirie ou encore arboristes-grimpeur·euses. Ainsi, « la Ville de Genève et les syndicats ont trouvé un accord sur les fonctions particulièrement pénibles. Le nouveau règlement adopté mardi par l’exécutif permet aux fonctionnaires municipaux d’être libérés de l’obligation de travailler à 62 ans, tout en continuant à être payés[8] ». La Cheffe de groupe, Mme Leyma Wisard Prado, rappelant au Délibératif que «  … l’objectif principal étant de réduire la pénibilité du travail. En effet, en sa qualité d’employeur, la Ville de Genève s’engage à assurer la protection de la santé et de la sécurité de son personnel. À cet effet, la Ville prend des mesures techniques, organisationnelles et personnelles pour diminuer, voire supprimer la pénibilité ». Nous l’avons toujours dit, Les Vert-e-s ne braderont jamais la justice sociale au profit de la justice climatique, la seconde étant intiment liée à la première faisant de l’écologie un mouvement avant tout social et solidaire.

 

[1] https://www.geneve.ch/fr/actualites/conseil-administratif-propose-ouverture-nouveau-credit-84-millions-accelerer-vegetalisation

[2] https://verts-ville-ge.ch/blog/actualites/dereglement-climatique-gouverner-c-est-prevoir

[3] https://lecourrier.ch/2024/02/12/la-pietonisation-de-la-rue-de-carouge-setend/

[4] https://www.tdg.ch/ville-de-geneve-le-boulevard-du-pont-darve-rebaptise-rue-polluee-123630842601

[5] https://www.geneve.ch/en/media/8328635

[6] https://lecourrier.ch/2024/02/19/pav-communes-contre-la-privatisation-des-terrains/

[7] https://www.lemanbleu.ch/fr/Actualites/Geneve/Avenir-serein-pour-l-Orchestre-de-chambre-de-Geneve.html

[8] https://www.tdg.ch/ville-de-geneve-un-accord-a-ete-trouve-sur-les-fonctions-tres-penibles-648820470670