Échos du Conseil municipal des 16 et 17 janvier 2024
Pollution atmosphérique, devoir de mémoire et protection des travailleur-euse-s : la première session du Conseil Municipal de l’année 2024, qui s’est déroulée les 16 et 17 janvier, a été marquée par des discussions intenses et des votes sur divers sujets d’importance pour la Ville.
Hanumsha Qerkini
Conseillère municipaleLes questions orales ont été traitées lors de la première session du 16 janvier. Les préoccupations soulevées par les conseiller-ère-s municipaux-ales se rapportaient notamment au déneigement des pistes cyclables devenant impraticables après les chutes de neige ou à l’absence de rampes pour les dernières marches des escaliers, particulièrement dans la vieille ville.
Les membres du Conseil ont voté sur des urgences, dont celle des Vert-e-s, qui a été acceptée par 43 voix pour et 18 contre. L’urgence verte, résolution 259, intitulée « Pas de qualité de l’air sans données adéquates et pas de mesures dans l’illégalité », vise à pousser le canton à multiplier les mesures de la qualité de l’air sur le territoire de la Ville et à informer clairement la population des résultats, mettant l’accent sur la santé publique. Le communiqué de presse détaillé sur cette résolution est en ligne.
Une autre urgence acceptée concernait les épiceries-dépanneurs, visant à renforcer le contrôle sur la vente d’alcool aux mineurs et à améliorer les conditions de travail des employé-e-s. Le fond visé par le texte est légitime, notamment sur le volet de la protection des travailleuses et travailleurs, mais les propos racistes de la PLR Patricia Richard ont dû être dénoncés.
Un débat a également eu lieu sur le calcul de la participation financière des parents dans les crèches subventionnées par la Ville, suscité par un PRD et une interpellation orale.
La pétition 456 pour le rétablissement du vivre-ensemble au parc et clos Voltaire a été acceptée avec une recommandation du Conseil municipal au Conseil administratif de réactiver les projets associatifs dans ces espaces.
La question des îlots de chaleur et la nécessité de déminéraliser les sols ont également été discutées. Le Conseil administratif va étudier la faisabilité des projets proposés. Les départements de l’aménagement et de la cohésion sociale pourront également aller de l’avant dans la rénovation et l’agrandissement de l’école du Liotard, avec un crédit de 72 millions de francs. La magistrate verte Frédérique Perler a pu se réjouir d’un soutien enthousiaste du plenum pour cet excellent projet d’aménagement.
Le discours poignant de M. Alfonso Gomez lors de la session du Conseil municipal a été le point culminant de la soirée du 17 janvier. Sa prise de parole concernait une urgence déposée la veille, intitulée « Une trace dans l’espace public en l’honneur des saisonnières et saisonniers qui ont bâti Genève ».
Le Maire a débuté son discours en soulignant l’importance fondamentale de reconnaître le travail essentiel accompli par les saisonnier-ère-s au fil des années dans la construction de Genève. Il a insisté sur le fait que comprendre l’histoire de la Ville nécessite de mettre en lumière tant les aspects positifs que les difficultés auxquelles ces travailleur-euse-s ont été confrontées.
L’orateur a également exprimé sa volonté de ne pas réécrire l’histoire, mais plutôt de la présenter sous toutes ses facettes, bonnes et mauvaises. Il a souligné que le statut de saisonnier-ère, bien que moins prévalent aujourd’hui, n’est pas définitivement aboli, et il a rappelé des déclarations récentes de responsables politiques évoquant la possibilité de réinstaurer ce statut dans des secteurs spécifiques tels que la construction et l’agriculture.
M. Gomez a mis en évidence l’importance cruciale de se souvenir des expériences de ces travailleur-euse-s, mettant en avant les souffrances endurées et soulignant le besoin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Il a insisté sur le caractère inique du statut de saisonnier-ère et a exprimé le désir de la municipalité de ne pas faire marche arrière sur des lois essentielles, notamment celles contre le racisme, tout en soulignant l’importance des lois de protection et d’égalité.
Le Magistrat a conclu son discours en appelant à une réflexion profonde sur l’histoire de Genève, en insistant sur la nécessité de comprendre le passé pour guider l’avenir. La motion visant à créer une trace dans l’espace public en hommage aux saisonnier-ère-s a été acceptée avec 42 voix favorables, soulignant l’appui du Conseil municipal à cette démarche mémorielle et à la reconnaissance des contributions des travailleur-euse-s saisonnier-ère-s à la construction de la Ville.
D’autres textes ont été renvoyés dans différentes commissions pour examen ultérieur en plénière.