Quand le piéton fait de la place aux mobilités douces
Courrier des lecteurs du Temps
par Bernard Delacoste, architecte marcheur, membre vert du Conseil municipal ville de Genève
Une fois n’est pas coutume, grâce à ce projet de passerelle, le piéton laisse sa place aux autres modes de déplacement. Certains y voient une défaite. C’est pourtant la meilleure façon de préparer un avenir à la mobilité et aux transports publics sur le pont.
Cette passerelle répond à un double objectif, offrir aux piétons un passage plus adapté qu’un pauvre trottoir tout en libérant de la place sur le pont. C’est donc une vraie opportunité de faire mieux que l’existant et de préparer l’avenir. Soutenir qu’il est agréable de marcher sur le pont est aussi discutable que de transformer une voie d’arrêt d’urgence de l’autoroute en voie pour les vélos… Evidemment c’est moins cher, mais qui oserait proposer ce schéma? Certainement pas un cycliste.
Il est tout de même étrange que le vélo donne des leçons de circulation aux piétons, lui qui n’a de cesse de rouler de plus en plus vite. Un parcours pour un homme qui marche est autre chose qu’un passage piétons et si nous sommes encore frileux pour mieux organiser nos traversées de routes, soyons un peu courageux et osons une passerelle!
Une traversée de la Rade qui offre une assise face au lac tout en tournant le dos aux voitures est plus enviable qu’un trottoir au milieu du trafic. Que ceux qui osent dire le contraire nous disent aussi la dernière fois qu’ils ont fait cette expérience sur le pont. Cette passerelle, c’est ainsi renouer avec une envie de lac qui ne se construit pas uniquement à coups de bassins de nage. Une passerelle c’est un lien entre deux rives, mais c’est aussi un lien avec le paysage, ce qu’un pont n’est pas, lui qui favorise la vitesse et jamais la flânerie. Construisons ce lien entre nous et retrouvons une envie de lac et de paysage.