Denis Ruysschaert

Conseiller municipal

Mercredi dernier, le 2 novembre, le Conseil Municipal de la Ville de Genève a accepté la résolution « Renforcer la coopération internationale – que la Ville, le Canton et la Confédération prennent leurs responsabilités budgétaires face aux crises sociales et environnementales mondiales ». 

Proposée par les Vert-e-s et soutenue par Le Centre, Ensemble à Gauche et le Parti socialiste, cette résolution, demande :

Que la Ville de Genève consacre 0,70% de son budget annuel à la coopération internationale.

Que la Ville de Genève demande au Canton et à la Confédération qu’ils consacrent aussi 0,70% de leurs budgets à la coopération.

Les 0,7% est un engagement qui s’inscrit dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) 2015-2030 des Nations Unies.

Cette demande est une urgence à quatre fondements :

Le premier est structurel avec le de mal développement qui s’aggrave. La FAO, l’organisation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, vient de sortir des chiffres toujours plus effrayants. La faim augmente en Afrique, en Asie et en Amérique latine et Caraïbes. Elle touche plus de 800 millions de personnes. 150 millions d’enfants de moins de 5 ans sont en sévère dénutrition, ce qui implique des retards intellectuels irréversibles. 

Le second est la coopération et la paix. Les crises globales sociales aiguës (par exemple guerre, immigration de masse) et écologiques (dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité) par leur nature exigent le renforcement de la coopération internationale. La guerre en Europe et la crise sanitaire liée au coronavirus montrent chaque jour que notre monde est instable, avec déjà des impacts graves sur la montée des populismes et le repli sur soi.

Le troisième est d’avoir plus d’impact.  Les actions en amont dans les pays tiers sont plus efficaces (au bon endroit avec les bons moyens) et plus efficientes (moins coûteuses) que les actions palliatives en aval à Genève (par exemple auprès des réfugié-e-s, sur la biodiversité, l’agriculture ou le climat). On peut par exemple avoir 10 à 20 fois plus de d’enseignant-e-s au Sud pour un même budget en Suisse.

Le quatrième est géopolitique. La Ville de Genève, hôte de la Genève internationale, joue un rôle crucial et symbolique dans la coopération internationale pour la Suisse. Le multilatéralisme à la peine, le futur de la coopération internationale passera aussi par le renforcement du rôle des villes dans cette coopération. Il donne de la crédibilité à Genève sur la scène Suisse et internationale.

Une demande légitime et réalisable

La ville de Genève s’engage déjà comme ville solidaire, elle consacre environ 0,64% de son budget annuel à la coopération internationale. Elle travaille essentiellement à travers la Fédération genevoise de coopération constituée de plus de 60 associations. Celle-ci entreprend des projets ciblés au Sud, travaillant chaque fois avec des partenaires locaux. La ville et son réseau ont la capacité d’absorber cette augmentation à 0,7%, soit  environ 750’000 francs.

Le Canton et la Confédération peuvent vraiment faire mieux que leurs faméliques contributions. En 2021, les pays européens les plus riches ont atteint leurs objectifs de 0,7% : le Luxembourg, la Norvège, la Suède, l’Allemagne et le Danemark. La Suisse stagne à 42%. Elle arrive à 51% en incluant l’aide aux réfugiés en Suisse, un fumeux tour de passe-passe puisque ce n’est pas de la coopération internationale au Sud. Le Canton fait encore bien pire, en ne consacrant que 0,22% de son budget.

 

La résolution « Renforcer la coopération internationale – que la Ville, le Canton et la Confédération prennent leurs responsabilités budgétaires face aux crises sociales et environnementales mondiales »