« Quand le droit à un environnement sain n’est plus garanti, la crise climatique devient une crise des droits humains »
Alfonso Gomez est devenu maire de Genève le 1er juin dernier et il consacrera son année de mairie aux enjeux climatiques et de droits humains. Lors de son discours d’investiture du 7 juin, il a salué le courage de celles et ceux qui défendent leurs droits, leur santé et celle de la planète. Retrouvez-le dans son intégralité ici, ainsi que la vidéo de cette fête et l’appel qu’il a lancé au Conseil fédéral pour la délivrance de visas humanitaires aux femmes afghanes qui ont dû fuir leur pays.
Alfonso Gomez
Maire de Genève
Madame l’ancienne Présidente de la Confédération,
Monsieur le Procureur général,
Monsieur l’Ambassadeur,
Madame la Conseillère d’Etat,
Mesdames et Messieurs les membres du Bureau et les Députés au Grand Conseil,
Monsieur le Consul général d’Espagne à Genève
Monsieur le Maire, Madame la Vice-présidente, Monsieur le Conseiller administratif et Mesdames les Conseillères administratives de la Ville de Genève,
Monsieur l’ancien Président du Conseil d’Etat,
Monsieur le Président du Conseil municipal de la Ville de Genève,
Mesdames et Messieurs les membres du Bureau et les Conseillers municipaux de la Ville de Genève,
Monsieur le Secrétaire général, Monsieur le Secrétaire général adjoint de la Ville de Genève,
Mesdames et Messieurs les représentant-e-s des administrations cantonales et municipales,
Mesdames et Messieurs les représentant-e-s des milieux associatifs, culturels, académiques et de la Genève internationale,
Mesdames et Messieurs les habitantes et habitants de la Ville, du Canton et de la Région,
Chers Ami-e-s de Genève,
Je suis heureux de partager avec vous ce rituel de l’investiture à la Mairie de la Ville de Genève, rendu possible par notre système démocratique. Un système démocratique qui favorise notamment la diversité, le dialogue, la participation et … la modestie… car la Mairie, à Genève, fait l’objet d’un tournus. Je succède donc à Marie Barbey Chappuis, ma collègue au Conseil administratif, que je félicite chaleureusement pour son année de mairie.
Cela semblerait presque banal de fêter la 181ème mairie de notre Ville depuis 1842. Et pourtant, la démocratie, nous le constatons chaque jour, exige de l’attention, de l’engagement et souvent un grand courage.
Ce courage, je l’ai éprouvé dans mon enfance en Galice, grâce au combat des Républicaines et des Républicains espagnol-e-s pour la démocratie et la liberté. Je l’ai appris avec mon grand-père, instituteur emprisonné par le gouvernement franquiste pour avoir combattu la dictature.
C’est également grâce au courage de mes parents, le courage de l’émigration pour un monde meilleur, que j’ai découvert la Suisse et ses institutions.
Le courage, je l’ai ensuite observé dans les nombreux pays dans lesquels m’a conduit mon engagement au sein du Comité International de la Croix-Rouge. Côtoyer le courage des populations, en particulier des femmes, en Iran, au Kurdistan, au Soudan, en Géorgie, en Somalie, au Kenya et en ex-Yougoslavie, a constitué une expérience fondatrice de mon parcours.
Alors non, la démocratie n’est pas banale. Elle est imparfaite, fragile, critiquable, améliorable. Mais elle reste néanmoins le moins mauvais système, dans un monde d’une complexité grandissante. Être Maire, c’est en quelque sorte se voir confier par la population, pour quelques instants, la mission de prendre soin de l’organisation de notre société et de notre bien commun.
Assumer la Mairie d’une ville comme Genève, c’est aussi prendre en compte l’histoire remarquable de notre Cité dans le domaine des droits humains. Histoire qui nous a conduit à accueillir et promouvoir le dialogue international, et à faire écho à la multitude des voix des minorités du monde. La Mairie sera l’occasion de réaffirmer le choix de la solidarité au sein de notre population et avec le monde.
Les enjeux actuels sont complexes et les défis nombreux à relever. L’accroissement des inégalités, la mondialisation et la digitalisation, la concentration de l’information, le racisme, la violence contre les minorités et contre les femmes, sont autant de facteurs qui déstabilisent les démocraties.
La crise climatique, annoncée depuis les années 70, et à laquelle nous sommes aujourd’hui confronté-e-s sur l’ensemble de la planète, vient aggraver les inégalités et les tensions internationales et sociales. La raréfaction de l’eau potable et de la nourriture, l’extinction de masse des espèces animales et végétales, la montée des eaux et le réchauffement entraînent d’importantes crises migratoires et sont autant de constats alarmants. Mais le plus grand danger face à cette situation serait de la nier ou de croire que nous sommes impuissant-e-s.
La Ville de Genève a voté l’urgence climatique en 2020. Concrètement, il s’agit d’une part d’adapter la municipalité aux conséquences du réchauffement et d’autre part de poursuivre les objectifs de décarbonation.
Dans notre ville également, les inégalités sont croissantes. La crise climatique détériore la qualité de vie dans certains quartiers, la pollution de l’air atteint la santé des enfants, des aîné-e-s et des personnes vulnérables. Quand le droit à la santé et à un environnement sain ne sont plus garantis, la crise climatique devient alors une crise des droits humains.
Les scientifiques, les associations expertes du climat et tous les accords internationaux l’expliquent clairement : nous pouvons agir, sur le plan personnel et collectif, à l’échelle locale et globale. Nous pouvons, par exemple, mieux gérer les ressources naturelles, réutiliser le bâti, consommer différemment, restreindre la mobilité motorisée individuelle, végétaliser et voter des lois qui accélèrent la transition vers une société zéro carbone.
Pour faire face aux transformations indispensables, nous avons besoin de toutes les forces de notre société et je tiens à saluer le travail des associations, des scientifiques, des journalistes, qui contribuent à nous informer. Pour contrer le mensonge et la manipulation, l’accès à une information vérifiée et indépendante est essentiel. Rappelons également le travail effectué par les avocates et les avocats qui, aux côtés de la société civile, portent les débats dans l’enceinte juridique, défendent la cause climatique et contraignent les Etats à assumer leurs obligations.
La Mairie sera l’occasion, lors de la Fête nationale du 1er août et tout au long de l’année, de découvrir et de valoriser le travail et l’immense créativité des associations et des entreprises qui expérimentent et proposent de nouvelles manières de vivre, de se nourrir, de consommer, de se déplacer et de partager le plaisir de vivre dans notre commune.
Ensemble, nous pouvons faire progresser la qualité de vie à Genève. C’est une volonté partagée par l’ensemble des mes collègues du Conseil administratif que je remercie pour leur soutien au projet de Mairie.
La préservation de la planète et de nos ressources va influencer l’ensemble des politiques publiques et je suis convaincu que grâce à vous, à l’engagement de la population, des associations, des entreprises et du personnel de l’administration municipale, nous pourrons améliorer notre quotidien et celui des générations futures.
Je vous remercie pour votre présence et je me réjouis de travailler à vos côtés. Merci à toutes les personnes qui rendent ce moment possible et bien sûr aussi aux musiciennes et musiciens originaires notamment de Colombie, de Galice et de Genève qui nous offrent un magnifique aperçu de la diversité culturelle de notre ville. Je tiens, enfin, à remercier tout particulièrement ma femme Virginie et mes enfants Lucien et Sarah pour leur soutien indéfectible, qui m’apporte chaque jour une énergie précieuse. J’ai la chance d’avoir une famille qui, comme moi, aime débattre et échanger. Je les remercie pour la richesse de leurs réflexions et de nos discussions, qui me nourrissent et me stimulent au quotidien. Et maintenant, place à la fête !