Elena Ursache

Conseillère municipale

Projet de rénovation du Musée d’Art et d’Histoire : le compromis du « moins pire »

Adopté par 63 voix contre 2 contre et 4 abstentions, le projet d’étude pour la rénovation et d’extension du MAH a enfin été lancé. Non sans réserve, toutefois, exprimée en commissions par les Verts et les Vertes qui s’étaient d’emblée opposé-e-s au projet initial et à la destruction de la butte de l’Observatoire. On s’en souvient, ils/elles avaient soulevé des vives inquiétudes liées à l’utilisation de cet espace naturel avec ses 40 arbres qu’il est impératif de préserver, surtout dans un contexte d’urgence climatique. Le coût du projet a été un autre point d’achoppement. En comparant le budget pressenti pour le MAH à celui de projets similaires en Suisse, comme l’agrandissement du Kunstmuseum de Bâle et l’extension du Kunsthaus de Zurich, on est en droit de se questionner sur l’efficacité du projet en termes de coût. La troisième préoccupation concerne le fond même du projet muséal. Les Verts-es doutent de la nécessité et de l’utilité d’un nouveau bâtiment souterrain, qu’ils trouvent peu attrayant et énergivore. De plus, ils/elles soulignent le risque de retards considérables ou même de l’annulation du projet en cas de découvertes archéologiques pendant les travaux de construction. Enfin, les Verts-es ont également soulevé des questions sur les priorités du musée. Nous sommes inquiets que l’ajout d’équipements comme un restaurant et un auditorium puisse dénaturer (sans mauvais jeu de mots) la mission principale du musée, qui devrait se concentrer sur la valorisation du patrimoine culturel et non pas se transformer en un « lieu à tout faire », s’éloignant de sa vocation première. Malgré ces préoccupations, les Verts-es ont finalement trouvé un compromis qui a amélioré le projet à la fois sur les plans environnemental et muséal. Néanmoins, le groupe Vert est resté divisé sur le soutien à ce compromis. Une partie est en faveur, citant les améliorations apportées au projet comme une justification pour aller de l’avant, tandis qu’une minorité reste réservée, arguant que des questions demeurent non résolues et pourraient potentiellement conduire à un référendum.

Il est urgent d’agir pour la biodiversité en Ville de Genève

La motion M 1643 «Sauver la biodiversité en Ville de Genève » déposée par Denis Ruysschaert en octobre 2021 a été votée à la majorité par le Conseil municipal. Cette motion souligne l’importance de surveiller l’état de la biodiversité à Genève, où la situation est particulièrement critique. La crise de la biodiversité est plus grave que la crise climatique, surtout en Suisse et à Genève. La Suisse est en retard par rapport à ses voisins européens en matière de conservation de la biodiversité, avec 60% des insectes en danger d’extinction. La biodiversité décline à un taux de 1% par an, et les efforts actuels, y compris ceux mentionnés dans la mesure 62 de la Stratégie climat de la Ville de Genève, sont insuffisants pour inverser cette tendance. Le déclin continu, notamment chez les oiseaux nicheurs, est un signal d’alarme qui nécessite une action plus significative. Malgré quelques efforts à Genève pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires et améliorer les espaces verts, les progrès sont insuffisants, et le manque de données et d’indicateurs précis handicape la prise de mesures efficaces Le vote en urgence de cette motion invite dès lors le Conseil administratif à mettre en œuvre des mesures prioritaires, telles que le choix d’indicateurs pertinents, la collecte d’informations, l’inventaire bisannuel de la biodiversité, la définition d’objectifs pour 2030 et la communication annuelle des progrès réalisés.

Place Dorcière ou Gare routière ?

La place Dorcière, idéalement située au centre-ville, se trouve en bien mauvais état : de l’avis de tous, elle nécessite une remise à neuf urgente. En revanche le vote est reporté après un 3ème débat demandé par la droite. Le profond désaccord gauche-droite porte sur son utilisation finale : doit-on conserver la Gare routière à cet endroit ? Ou doit-on repenser entièrement la place pour la rendre aux habitants ? La droite invoque des considérations économiques pour garder la Gare routière au centre. Alors que l’alternative appelle à une rénovation coordonnée de la place Dorcière qui prenne en compte à la fois les besoins en espaces verts, et la nécessité de déplacer les cars du centre-ville pour réduire les nuisances. Deux amendements ont été déposés pour garantir que la place Dorcière soit transformée en un espace végétalisé plutôt qu’en Gare routière. La position verte avance que les travaux de rénovation doivent être coordonnés avec le canton, notamment en ce qui concerne le déplacement des cars et bus du centre-ville. Le principal argument contre la présence de ces véhicules en centre-ville est qu’ils contribuent à la pollution et aux embouteillages, une des raisons qui ont poussé d’autres villes et capitales européennes à sortir les cars en dehors du centre-ville. De plus, la future piétonnisation de la zone autour de la gare de Cornavin rend encore plus impératif le déplacement des cars. La rénovation de la place Dorcière devrait permettre de créer un espace végétalisé et convivial pour la population. Cette initiative vise à répondre aux besoins des résidents locaux qui aspirent à un environnement moins pollué et plus vert. Les Verts-es sont d’avis que seuls les cars à but touristique devraient être autorisés à se garer dans le centre, et ce, sur un système de dépose-minute. Il devient dès lors primordial que le canton prenne ses responsabilités dans cette affaire, et une recommandation en ce sens a été déposée conjointement avec le parti socialiste.

Adoption de la motion urgente d’EàG sur les « Scènes ouvertes de drogue et qualité de vie dans les quartiers »

Déposé en urgence par Ensemble à Gauche, la motion M-1793 « Scènes ouvertes de drogue et qualité de vie dans les quartiers » demande de replacer l’expertise des habitant-e-s et des acteurs-trices des quartiers au centre des décisions, et de renforcer la collaboration avec le canton de Genève. La motion a été adoptée à majorité par le Conseil municipal. La position des Vert-es sur cette urgence a été un véritable plaidoyer pour la santé des habitants, et le souci de leur bien-être à tous les âges comme un élément fondamental pour une société saine.  Alors qu’il il incombe à l’État de veiller au bien-être de la population, des restrictions économiques dans des domaines tels que l’éducation, le social ou l’environnement peuvent avoir des effets néfastes sur la santé de la population à court terme. Les Verts-es mettent en garde contre une tendance à adopter un système de plus en plus libéral, qui privilégie le profit au détriment du bien-être des personnes les plus vulnérables.  Plus que jamais, il est nécessaire que l’État garantisse une répartition équitable de la richesse pour ne pas marginaliser les personnes en situation précaire. La question de la consommation de substances illicites est symptomatique de cette précarité : elle est souvent le résultat de situations désespérées, de douleurs et d’isolement. Blâmer uniquement les consommateurs sans tenir compte de l’impact des politiques restrictives ne fera qu’aggraver le problème. Le Quai 9, association genevoise incontournable travaillant sur cette problématique, a déjà souligné le manque de ressources pour traiter la montée de la consommation de drogues comme le crack. Le Quai 9 a demandé des espaces dédiés pour le repos et pour mieux connaître et anticiper la problématique de l’addiction à Genève. Il a insisté sur le fait que le Canton a la responsabilité de mettre en place des mesures de prévention pour la santé de ses citoyens. En appelant à soutenir cette motion, les Verts-es demandent la mise en place d’actions et de moyens à court et long terme pour lutter efficacement contre la consommation non contrôlée de substances illicites. Il faut réduire les inégalités et offrir à chaque individu, quelle que soit sa situation, les moyens de vivre dans les meilleures conditions.