par Uzma Khamis Vannini et Philippe de Rougemont, conseillère et conseiller municipal.e

« Les droits humains me paraissaient abstraits il n’y a pas longtemps. Jusqu’à ce que mon mari soit mis en prison pour l’exercice de ses droits et que mes amis soient battus pour s’être exprimés en faveur de l’avenir de leurs enfants dans notre pays la Biélorussie ». Cette déclaration de Svetlana Tikhanovskaïa, opposante au régime autoritaire biélorusse, désormais réfugiée en Lituanie, qui a été reçue par le Conseil municipal de la Ville de Genève, rappelle combien les droits humains et la démocratie sont essentiels. 

Que Mme Tikhanovskaïa, déclare que notre démocratie est une inspiration pour les manifestant.e.s Biélorusses, nous rappelle la chance que nous avons de bénéficier de la démocratie participative.

Cette démocratie participative, caractérisée notamment par l’initiative et le référendum, s’exerce également à l’échelon le plus proche des gens, au sein du délibératif de notre Conseil municipal qui est formé de politicien.ne.s de milice venu.e.s de divers horizons.

D’une part, nous avons remporté haut la main le référendum contre le parking Clé-de-Rive et sans tarder nous avons déposé un texte pour la piétonisation du secteur !

D’autre part, cette proximité trouve son premier exercice à travers les questions orales au Conseil administratif. Le groupe des Vert.e.s a, dans ce cadre, traité de sujets divers et variés concernant les goûters du parascolaire ; les mineurs non accompagnés ; le calendrier d’annonce de la désignation du.de la ou des candidat.e.s pour la direction de La Revue ; l’usage des plastiques à usage unique dans la vente à l’emporter sur place publique et sur les marchés ; la pollution atmosphérique ; la communication de l’Etat français à la Ville de Genève à l’occasion de la prolongation inouïe de la plus vieille centrale nucléaire française (Bugey) située à 70km de Genève.

Fabienne Fischer, candidate au Conseil d’Etat dont le second tour aura lieu le 28 mars 2021, relevait dans l’une de ses interventions qu’elle constatait ces dernières années une recrudescence d’actes anti-femmes parfois violents. Or, un délibératif permet également de mettre en œuvre des politiques de prévention de proximité. Dès lors, pour le troisième débat, d’une intensité forte autour du projet de délibération « Sexisme et violences sexuelles: pas dans mon parlement! », et parce que les symboles ont aussi leur importance pour changer le regard sur le monde, le noir n’était plus la couleur dominante des habits, c’était le violet et ce, au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars ! Beaucoup d’élu.e.s ont joué le jeu. Cette simple mesure de sensibilisation était perçue par l’UDC, le MCG et le PLR comme fascistes et frisant le camp de rééducation. Les opposant.e.s aux mesures préventives ne niaient pas seulement les mesures à prendre mais le constat même, ainsi que le témoignage des femmes. Heureusement ce texte qui permet de promouvoir la prévention a finalement été adoptée à la majorité – grâce à la gauche et au PDC – avec quelques appels aux mots talentueux des auteurs cités au cours du débat, Sacha Guitry, Pierre de Ronsard, Paul Eluard et Jean-Jacques Rousseau.

Autre échappée, cette fois sur quelle culture soutenir, celle « de gauche » ou « de droite » ? Toujours dans le cadre des prérogatives d’un délibératif communal et sur la demande du Conseil administratif, acceptée par les Vert.e.s, un soutien supplémentaire de 3,9 millions pour les artistes a été décidé. Le Maire a informé que tous les théâtres travaillaient sur des spectacles qui seront montrés en fin de pandémie. Ce qui fait penser à un embouteillage de nouveautés, une drôle de crise de rééchelonnement des créations nous attend.

Le Covid sert de raison nouvelle pour les différents partis pour mettre en avant leurs éléments de programme. Finalement, rien de nouveau à cela. Saisir l’occasion qui passe, regarder et utiliser la fenêtre d’opportunité, même si la fenêtre a la forme d’une pandémie. Les Vert.e.s du délibératif de la Ville de Genève y ont également pris part et nous avons déposé une motion remarquable pour que la Ville utilise des locaux commerciaux vides afin d’installer des logements pour sans-abris. Une mesure sociale, écologique (construction évitée) et de bon sens.

Les jeunes sont particulièrement victimes des politiques d’exception, il faut donc prendre en compte leurs perspectives pour l’avenir. Travail remarquable d’entente entre les militant.e.s et soutenu par les élu.e.s tant au niveau cantonal que municipal. Après délibération, c’est une motion verte que nous avons fait passer haut la main au niveau communal.

Un débat bien contradictoire a eu lieu à propos du discount sur les amendes données pour des véhicules d’entreprises et artisans mal-garés, soutenu par le PS et la droite mais contré par les Vert.e.s. Ce texte qui a été adopté à la majorité soulève de nouvelles questions : quelle discrimination mettre en œuvre entre infractions à excuser et celles à amender ? Comment être sûr que tel véhicule d’entreprise est utilisé pour un motif personnel ou un motif professionnel ? « On persiste un peu dans l’ancien monde avec cette motion » dit Alfonso Gomez en relevant que la Ville n’a pas attendu cette motion pour apporter une aide à l’économie, bien plus importante que l’exemption d’amendes. L’argumentation verte pour refuser ce texte a été l’occasion de planter une graine intéressante : l’idée d’un macaron permettant à des usager.ère.s spécifiques d’accéder en ville.

Il y aura cette année encore, une rue « Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée» au nom de la dignité et de la reconnaissance des travailleurs et travailleuses du sexe à Genève. On a pu entendre l’éloge d’une militante engagée pour donner une dignité aux personnes qui ont le sexe pour métier et enterrée au cimetière des Rois. Devinette : combien de rues ont des noms à l’honneur de femmes ? 7% !

Une motion afin de mener une politique proactive garantissant l’égalité des chances a été adoptée, dans le but de promouvoir la non-discrimination et ce, en lien avec la Journée mondiale du 21 mars contre la discrimination.

Enfin, une voie verte sur la rive droite de l’Arve, quais du Cheval-Blanc et des Vernets verra le jour, avec une recommandation verte de veiller à une renaturation de haute qualité biologique. La lecture de la recommandation a fait rire une partie du Conseil, l’interprétation du rire est libre à chacun.e.

Ainsi, nous avons consacré un peu de notre temps à construire un monde et un quartier meilleur.

Portez-vous bien, on ne lâche rien !

Uzma Khamis Vannini
Philippe de Rougemont