Madame la Représentante et Messieurs les Représentants des organisations tunisiennes lauréates du Prix Nobel de la Paix 2015,

Monsieur l’Ambassadeur de Tunisie en Suisse,

Monsieur l’Ambassadeur de Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève,

Monsieur le Représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme,

Monsieur le Conseiller d’Etat,

Mesdames et Messieurs les Conseillères et Conseillers municipaux de la Ville de Genève,

Messieurs les Représentants des ONG internationales actives dans la protection des droits humains,

Monsieur le Président de l’Association Le Pont Genève,

Mesdames et Messieurs les Représentantes et Représentants des institutions syndicales, culturelles et politiques,

Mesdames et Messieurs,

Je suis heureuse de vous accueillir aujourd’hui au Palais Eynard et de vous transmettre les salutations des autorités de la Ville de Genève.

C’est un honneur et un plaisir pour moi d’ouvrir cette cérémonie en l’honneur des quatre institutions tunisiennes lauréates du Prix Nobel de la paix 2015.

 

Au nom du Conseil administratif, je tiens à félicite chaleureusement leurs Représentante et Représentants, soit :

  • Madame Ouided Bouchamaoui, Présidente de l’Union tunisienne du commerce, de l’industrie et de l’artisanat (UTICA) ;
  • Monsieur Hocine Abassi, Secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail ;
  • Monsieur Abessatar Ben Moussa, Président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme ;
  • Monsieur Fadhel Mahfoudh, Bâtonnier de l’Ordre national des avocats.

En récompensant un ensemble de quatre grandes institutions civiles, le Comité Nobel a voulu saluer le rôle décisif de la société civile, et donc du peuple tunisien, dans le processus de construction d’une démocratie pluraliste en Tunisie.

Grâce à sa médiation pacifique, le Quartette a en effet permis de sauver une transition démocratique qui était menacée. Il a aussi contribué à établir un régime constitutionnel qui garantit les droits fondamentaux pour toute la population, et à mettre fin à la violence politique.

Ce prix a mis en valeur les effets positifs du dialogue et de la participation citoyenne. Comme l’a relevé à l’époque le Secrétaire général de l’ONU, Monsieur Ban Ki-moon, cet hommage souligne qu’ »il faut un processus inclusif pour qu’il y ait des progrès durables. »

Le Quartette est un modèle non seulement pour la jeune démocratie qu’est la Tunisie, mais aussi pour tous les pays où la démocratie est installée depuis longtemps. Car il faut bien admettre qu’en Occident, nos démocraties paraissent parfois fatiguées, voire apathiques. On entend parler de crise de la démocratie, ou encore de déclin de la démocratie. Et effectivement, on constate des phénomènes inquiétants, comme l’impuissance politique face à la montée des inégalités, le succès de partis extrémistes, l’abstentionnisme chronique, le manque de confiance des citoyens vis-à-vis de la classe politique, et le triomphe de l’individualisme.

Plus de 25 ans après la chute du mur de Berlin, de nombreuses démocraties semblent fragilisées et prêtes à céder à une forme de tentation autoritaire. Au 19ème siècle, Alexis de Tocqueville avait déjà repéré les points faibles du système démocratique et vu dans la restauration de ce qu’on appelait alors les corps institutionnels intermédiaires, à savoir les corporations ou les associations, le remède contre les dérives qui menacent les démocraties.

Il nous a notamment mis en garde contre les dangers de la désaffection politique et sociale des citoyens.

Une société civile bien organisée et active est donc la meilleure garante d’une démocratie saine. On le voit bien aujourd’hui, les mouvements sociaux et citoyens sont en plein essor dans le monde. C’est un bon signe, c’est le signe que la société civile, à travers ses multiples déclinaisons, s’impose de manière croissante comme un acteur essentiel du changement social et politique.

Je vois personnellement les mouvements sociaux qui sont apparus ces dernières années dans différents pays comme d’importants agents de démocratisation, parce que leur exigence de démocratie et de justice sociale est très forte.

Les pouvoirs publics ne peuvent les ignorer, au contraire, ils ont tout à gagner d’un partenariat avec la société civile, et seul un tel partenariat nous permettra d’a
ffronter les défis de l’avenir.

La célèbre opposante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991, a dit que la démocratie est « un processus d’effort continuel, qui repose sur la conviction que l’homme est digne et capable de jouir des droits fondamentaux à la liberté et à la sécurité, et de les préserver.»

En effet, la démocratie n’est ni une idéologie, ni une simple technique de gouvernement. Elle est un effort d’adaptation permanent pour faire véritablement société autour d’un projet et de valeurs communs, et elle suppose un dialogue constant entre toutes les composantes de la société. Et c’est bien grâce au dialogue que la société tunisienne a réussi sa transition démocratique.

Je tiens donc à saluer le courage du Quartette et du peuple tunisien dans leur combat en faveur d’une démocratie pluraliste. Votre engagement est un message d’espoir pour tous les pays qui aspirent à la paix et à la liberté. Il a une résonnance particulière à Genève, où la promotion et la défense des droits humains sont une longue tradition.

Je tiens donc à vous assurer du soutien de la Ville de Genève dans votre combat.

Je vous remercie pour votre attention.

Esther Alder

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